La nouvelle R5C est une caméra Eos Cinema, intermédiaire entre la gamme Eos Cinema (Eos C70) et les boîtiers photo Eos R (Eos R5, R6) qui font de la photo et de la vidéo mais sont parfois limités (en vidéo). C'est un boîtier qui se suffit à lui-même même s'il peut servir d'appareil de prise de vues complémentaire.
Les fidèles de la marque verront une analogie avec l'Eos 5D Mark II qui fut le premier boîtier photo doté d'une qualité vidéo haut de gamme. Différence évidente : l'univers actuel est plus concurrentiel en vidéo, et les hybrides, même en Plein Format, se disputent un marché vigoureux.
Le concept de la caméra R5C est la polyvalence, un boîtier qui permet de passer facilement de la photo à la vidéo (ou vice versa). Cette importance égale donnée à la photo comme à la vidéo se reflète avec les trois positions Photo / Vidéo / Off de l’interrupteur principal. En position Photo, l'utilisateur visualise alors les mêmes menus que sur l'Eos R5 et en position Vidéo, il affiche les seuls menus Vidéo.
Le capteur Plein Format de l'EOS R5C totalise 47 Mpx, pour atteindre en Photo une résolution de 45 Mpx (8192 x 5464 px) capable de shooter jusqu’à 20 images par seconde, ou 35 Mpx (8192 x 4320 px) en vidéo. Ici pas de limitation à 29 minutes et 59 secondes : l'Eos R5C enregistre de la vidéo 8K en Plein Format ou 6K en Super35 ou 4,6K en Super16 sans limite de durée, en RAW.
On peut enregistrer du RAW 8K 30p et du RAW 8K 60p mais dans ce cas, il faut une alimentation externe. Sinon vous dévaliderez toutes les fonctionnalités de l'optique. À défaut, il suffit de rester en 8K30p.
Outre la 8K en interne en RAW, on peut aussi filmer dans le format Canon XF-AVC 10 bits (jusqu’à 810 Mbps) ou dans des options plus légères en MP4 (en 4K et 1080p).
On peut également suréchantillonner (8K pour enregistrer en 4K) sans crop et surtout pour partir d'une image 8K en amont de l'image.
En sortie mini-HDMI, on peut également sortir en ProRes RAW sur un enregistreur Atomos On regrette juste d'avoir affaire à une mini-HDMI, moins "pro" qu'une HDMI.
Le capteur est couplé à un processeur DIGIC X annoncé comme performant et une monture RF au tirage court, offrant une grande variété d'optiques compatibles (Canon EF, RF et Cinema), y compris des optiques anamorphiques (on peut aussi désqueezer).
Nouveauté, la caméra propose 3 compressions RAW : HQ (hors Full Frame), ST (Standard) et LT (Light Recording). L'enregistrement s'effectue sur 2 cartes SD UHS-II et CFExpress 2.0. Pour du RAW Light, il faudra recourir à la une CF Express. On peut panacher un format ou une profondeur d'échantillonnage sur la carte A et un autre sur la carte B. On peut même stocker ses images en 8K sur la carte A et enregistrer en Proxy sur la carte B.
Enfin, on peut générer un Ralenti sans crop en 4K 120p en 4:2:2 10 bits (sans le son) sur la carte A et enregistrer le son à part sur la carte B.
Un ventilateur assure le refroidissement. On peut régler ce ventilateur (sans le stopper totalement).
Bien sûr, de telles résolutions / fréquences sont voraces en espace disque. En mode Camera RAW Light, sur un carte de 512 Go, on enregistre 63 minutes seulement. En XAVC 4K, on grimpe à 156 minutes.
Le poids de l'Eos 5RC n'excède pas 680 grammes nue, 770 grammes au complet (hors accessoire tel qu'un boîtier XLR), soit 30 grammes de plus que l'EOS R5. Les dimensions, sont aussi raisonnables : 142 x 101 x 111 mm. De plus, le boîtier en alliage de magnesium, procure un aspect compact et léger. Sans être totalement tropicalisé, il résiste à la poussière et aux intempéries.
La batterie LP E6NH est la même que sur l'Eos R5. L'autonomie indiquée est de 50 minutes en 8K RAW 25 et 35 minutes seulement en 4K XF-AVC 50P. Il fait moins bien que l'Eos R5 sur ce plan, car il consomme plus d'énergie en 8K, etc. On peut travailler avec une Powerbank et on peut mettre une alimentation externe ou enfin, grâce au port USB-C qu'arbore l'Eos R5C.
L'Autofocus de Canon est un autre des points forts de ce boîtier. On retrouve l'AF CMOS à double pixel, les fonctions AF avec détection d'oeil et l’AF EOS iTR AF X. Cette technologie offre la mise au point et le suivi sur une personne, son oeil ou sur sa tête même si celle-ci tourne le dos à la caméra. Par ailleurs, on peut piloter l'Autofocus sur l'écran, celui-ci étant tactile. On peut régler la vitesse et la réactivité de l'AF.
On dispose d'une stabilisation mais elle est s"seulement" électronique, venant compléter le stabilisateur optique des objectifs compatibles. Pas de stabilisation mécanique, ce Canon propose pourtant sur l'Eos R5 ! Attention, le recadrage électronique est de 10% dans le mode de stabilisation le plus léger et de 30% dans le mode Avancé de stabilisation.
En photo, la stabilisation permet de grignoter un gain de 8 Diaphs. En vidéo, on stabilise sur 5 axes (idem C70), ce qui convient bien pour des prises de vues à main levée.
Côté sensibilité, on bénéficie d'une nouveauté : une double base ISO. C'est à dire que tout en restant en Auto, on peut paramétrer une base Iso déterminée (par exemple Base Iso 800 ou Base Iso 3200), servant alors de repère pour décaler les Iso si l'on souhaite plus ou moins de luminosité.
On peut filmer avec des Profils dédiés : HLG, BT.709, BT.2020, Eos Standard, Eos Neutral, et le nouveau Canon Log 3 qui permet d'atteindre la dynamique de 14-stops (C70 = log-2). Par contre, on ne dispose d'aucun filtre ND intégré.
En photo, le photographe peut enregistrer des images HEIF 10 bits. Le HEIF, format non-propriétaire (quoique lancé par Apple), est plus léger et comprend aussi bien le langage photo que vidéo. Enfin, en "photo animée", on dispose d'un intervallomètre sophistiqué pour réaliser des time-lapse.
Côté afficheur, on bénéficie d'un viseur de 5,76 millions de points et un écran LCD 3,2'' orientable. Quant au viseur, il est similaire à celui de l'Eos R5 (5,5 Mpx , 0,5 pouce). Un atout attendu que des concurrents n'ont pas de viseur.
On dispose d'un Tally à l'avant et une vraie touche vidéo Record de couleur rouge. Le boîtier contient jusqu'à 13 touches personnalisables pour paramétrer l'Eos R5C à votre guise.
La caméra bénéficie également de la même griffe porte-accessoire multi-fonction "intelligente" que celle de l’EOS R3 et du caméscope XF605. Via sa griffe, elle autorise le montage d’accessoires de connexion tels que le micro Canon DM-E1D, ou surtout, le boîtier adaptateur audio XLR CA-XLR2d de TASCAM (600€ TTC). Bien sûr, on aurait préféré que les prises XLR soient directement implémentées.
Consolation : de son côté, le petit frère Eos R5 ne bénéficie d'aucun connecteur XLR, ni de griffe intelligente permettant d'accessoiriser la connexion XLR. L'Eos 5RC dispose par ailleurs d'un connecteur micro (jack) et d'ailleurs, d'une prise casque.
Autre petite déception, pour des transferts à distance, le Wi-Fi est présent mais réservé au mode Photo, à moins de recourir au boîtier Canon Wireless File Transmitter WFT-R10, un transmetteur qui vaut plus de 1000€). Enfin, l'application Content Transfer Mobile (CTM) permet des transferts FTP et de métadonnées ML-G2. Mais il n'est prévu que pour iPhone.
L'Eos 5 RC se présente comme un produit attractif qui cherche à réunir les avantages des deux mondes photo et vidéo, un peu comme l'avait tenté (avec succès) l'Eos 5D Mark II. Mais on a surtout retenu de l'Eos 5D ses capacités vidéo, moins ses capacités photo. De plus, en 2022, le contexte diffère, d'abord parce que Canon lui-même occupe déjà bien le terrain avec les Eos R5, R6 et C70. Notez d'ailleurs que sur le plan de l'autonomie, le 5RC atteint une autonomie moindre que le C70 qui fonctionne avec une batterie de3 heures d'enregistrement. De plus le C70 intègre directement une connectique XLR. Il est plus cher mais de 500€ seulement.
Par ailleurs, la concurrence ne manque pas, que ce soit chez Sony, Panasonic ou Blackmagic.
Le boîtier Canon Eos R5C sera commercialisé fin mars ou début avril 2022 au prix de 4999,99€ TTC (4166,66€ HT) soit un prix exactement compris entre l'Eos R5 à 4499€ et le C70 à 5399€. Il est fourni avec une batterie, un chargeur et un câble USB-C.
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