Michael
Crichton,
Créateur
de
la
série,
scénariste
et
producteur.
Vous
ne
lui
trouvez
pas
un
petit
air
du
docteur
Carter
?
Diffusée
sur
France
2,
la
série
Urgences
reprend
du
galon
en
septembre
2005
pour
la
11e
édition
consécutive
!
Et
une
12e
saison
devrait
pointer
son
nez
en
2006.
Un
vrai
succès
qui
s'explique
par
une
habile
alchimie
entre
une
thématique
forte,
des
épisodes
intenses
et
des
acteurs
crédibles
et
touchants.
Mais
des
raisons
sont
aussi
liées
à
une
écriture
télévisuelle
particulière.
D'abondants
articles
ont
décortiqué
la
série
américaine,
plusieurs
fois
récompensée
aux
Etats-Unis
et
même
en
France
où
elle
a
obtenu
le
7
d'Or
de
la
meilleure
série
étrangère.
On
ne
compte
plus
les
décryptages
sur
un
plan
médical
(débat
sur
l'authenticité
des
actes
chirurgicaux),
"
psi
"
(pourquoi
le
thème
des
Urgences
stimule
autant
l'imaginaire),
ou
encore
médiatique
(la
starisation
passée
de
George
Clooney,
la
genèse
de
la
série
avec
la
maison
de
production
de
Spielberg,
la
tentative
ratée
de
Jeanne
Moreau…).
Peu
se
sont
intéressés
au
strict
plan
télévisuel
de
fabrication
des
images.
La
série
exploite
pourtant
un
langage
particulier
qui
stimule
l'attention.
Les
visuels
sont
principalement
ceux
de
la
saison
6.
Cette
forme
de
montage
régit
intégralement
le
mode
décriture
de
la
série
depuis
11
éditions.
Peu
dépisodes
y
échappent,
hormis
quelques
rares
exceptions
au
sein
de
la
saison
8
notamment
et
plus
récemment,
avec
un
épisode
étrange
de
la
saison
11,
entièrement
dédié
aux
méfaits
de
l'alcoolisme.
Urgences
nest
pas
seul
à
exploiter
le
montage
alterné
mais
pousse
le
procédé
au
paroxysme.
On
comprend
les
raisons
de
ce
montage
réputé
incisif
et
nerveux.
Le
concept
de
la
série
est
de
montrer
que
le
service
des
Urgences
dun
C.H.U.
est
une
ruche
où
la
vie
côtoie
la
mort,
côte
à
côte,
en
même
temps.
Le
montage
alterné
est
là
pour
témoigner
de
laction
parallèle
des
médecins
urgentistes
qui
se
répartissent
les
personnes
en
souffrance,
les
accidentés
légers
et
les
cas
désespérés.
Bien
sûr,
la
part
de
romance
et
les
impératifs
scénaristiques
grossissent
le
trait.
Mais
ce
type
de
montage
permet
aussi
de
suivre
des
personnages
de
la
série
à
lextérieur
de
lhôpital
pendant
que
le
travail
des
autres
se
poursuit
à
lintérieur.
Les
concepteurs
y
tenaient
sans
doute
pour
renforcer
une
idée
simple
:
une
fois
la
blouse
blanche
enlevée,
les
médecins
sont
non
seulement
des
gens
comme
les
autres
mais
les
souffrances
quils
côtoient
dans
le
milieu
hospitalier
ne
les
rendent
guère
mieux
armés
face
aux
soucis
de
leur
propre
existence.
Ils
ont
des
peines
de
cur
(Kovac,
Carter),
font
face
à
des
problèmes
relationnels
(Sam
et
Kovac,
Carter
et
son
amie,
Elizabeth
et
Marc
autrefois...),
ont
des
relations
complexes
avec
leur
famille
ou
leur
enfant
(Benton
et
son
enfant
sourd,
Sam
et
son
enfant),
vivent
une
relation
homosexuelle
masquée
sur
fond
de
problème
de
garde
d'un
enfant
(Kerry)
ou
luttent
contre
lalcoolisme
(Abby)...
(*)
Le
montage
alterné
désigne
deux
scènes
A
et
B,
montrées
tour
à
tour,
qui
ont
la
propriété
dêtre
simultanées
et
où
les
protagonistes
de
A
et
B
finissent
généralement
par
se
rejoindre
(ce
nest
pas
systématique).
Le
montage
parallèle,
lui,
ne
joue
pas
sur
cette
synchronicité
temporelle
ni
sur
des
personnages
qui
se
rejoignent
mais
établit
plutôt
un
rapport
sémantique,
esthétique
ou
moral
entre
deux
scènes.
Ces
terminologies
sont
toutefois
nuancées,
voire
contestées
par
certains
professionnels,
pour
qui
montage
alterné
et
parallèle
sont
synonymes
avec
quelques
variantes.
Habituellement,
lexploitation
du
Steadicam
simpose
pour
des
prises
de
vues
très
spécifiques,
voire
acrobatiques.
En
apparence
plus
"
classiques",
de
nombreuses
séquences
dUrgences
font
pourtant
appel
à
ce
drôle
de
harnais.
Elles
représentent
jusquà
10%
à
15%
dun
épisode
(quelques
exceptions).
Cest
beaucoup,
mais
justifié.
La
fluidité
du
Steadicam,
qui
procure
une
indéniable
touche
esthétique,
nest
pas
à
considérer
sur
le
seul
plan
technique.
Elle
est
aussi
narrative.
Car
elle
contribue
à
rendre
laction
plus
réelle.
Suspendu
aux
événements
quil
visualise
"
en
live
",
le
spectateur
est
amené
dune
salle
dopération
à
une
autre,
comme
sil
partageait
les
allées
et
venues
soutenues
du
personnel
hospitalier.
Paradoxalement,
le
Steadicam
est
aussi
exploité
pour
des
plans
plus
anodins.
Comme
ce
mini
plan-séquence
de
38
secondes
(voir
captures)
entre
Elizabeth
et
Kovak,
qui
débattent
à
propos
de
la
transplantation
(urgente
!)
dun
rein,
font
quelques
pas
dans
les
couloirs
du
service,
puis
se
positionnent
près
dun
comptoir.
Ce
type
de
scène,
fréquent
dans
Urgences,
évite
un
perpétuel
découpage
en
champ-contrechamp.
Et
rompt
du
coup
avec
les
codes
télévisuels
habituels.
On
est
ici
plus
proche
des
techniques
du
cinéma
daction
que
des
séries
télévisuelles
classiques.
Mais
le
Steadicam
ne
fait
pas
tout.
La
fluidité
technique
et
langagière
des
prises
de
vues
est
aussi
soutenue
par
une
continuité
visuelle
de
lépisode.
Du
moins
en
Europe...
Car
aux
Etats-Unis,
Urgences
est
coupé
à
trois
reprises
(toutes
les
12
minutes
environ)
par
des
spots
publicitaires
dévastateurs.
Ces
coupures
sont
remplacées
en
France
par
trois
fondus
au
noir
discrets
et
rapides,
permettant
de
rester
immergé
dans
lambiance
de
lépisode.
Les
organismes
régulateurs
(CSA...)
ont
parfois
du
bon
quand
ils
réglementent
la
publicité.
Allié
naturel
du
Steadicam,
le
plan-séquence
est
un
autre
dénominateur
commun
à
de
nombreux
épisodes
dUrgences.
On
remarque
surtout
ce
type
de
plan
lors
de
la
première
séquence
qui
suit
chaque
générique
(lorsque
les
noms
du
staff
de
production
sincrustent
à
lécran).
Ainsi,
lors
de
la
saison
6,
lun
de
ces
plans-séquences
force
ladmiration
:
dune
durée
de
121,
il
met
en
scène
13
personnages
qui
se
croisent
en
perpétuel
mouvement
et
14
échanges
de
dialogues
!
Ce
type
denchaînement
requiert
une
importante
préparation
pour
léquipe
technique
et
les
acteurs
qui
doivent
prendre
des
marques
dautant
plus
précises
que
le
nombre
denchaînements
est
grand
et
la
mise
en
uvre,
complexe.
Urgences
est
coutumier
de
petits
défis
techniques
:
les
producteurs
ont
tenté
dans
le
1er
épisode
de
la
saison
4
(diffusé
en
France
en
septembre
1998)
un
"Direct
aux
Urgences"
(en
anglais
:
Ambush).
Autrement
dit,
filmer
avec
plusieurs
caméras
(18
!)
sans
renouveler
une
prise
si
elle
ne
convient
pas.
Cet
exercice
"
sans
filet
"
a
assuré
un
succès
public
énorme
doublé
dune
audience
historique,
mais
léquipe
technique
et
les
comédiens
(dont
le
fameux
Ross
incarné
par
lirrésistible
George
Clooney)
furent
plus
que
réservés
:
inévitablement,
les
hors
champs,
et
erreurs
de
synchronisation
entre
les
personnages
se
sont
accumulés.
On
pardonne...
Léviction
de
Douglas
Ross,
sa
séparation
poignante
avec
Carol,
la
démission
fracassante
de
Benton,
léthylisme
dAbby,
le
crime
envers
Lucy,
le
passé
très
douloureux
de
Luka
Kovak,
le
cancer
fatal
de
Marc,
l'écrasement
d'un
hélicoptère
sur
le
chef
(certes
antipathique)
Romano
Les
stéréotypes
américains
sont
ici
balayés
:
pas
de
happy
end,
et
des
spectateurs
inconsolables
face
à
la
disparition
pathétique
de
lun
des
personnages
préférés,
le
docteur
Marc
Greene.
En
fait,
la
série
alterne
savamment
quelques
moments
heureux
et
autant
de
fins
tragiques.
Les
auteurs
font
preuve
dune
habile
cohérence
:
Urgences
conserve
ainsi
son
caractère
authentique,
avec
un
versant
social
"
documentaire
"
;
en
dautres
termes,
une
facture
proche
de
la
vraie
vie
:
des
moments
heureux
comme
des
drames.
Les
scénaristes
ont
dû
aussi
fatalement
adapter
lhistoire
en
fonction
des
désirs
de
certains
acteurs
de
découvrir
dautres
horizons
professionnels.
Du
coup,
il
a
fallu
faire
en
sorte
que
certains
personnages
quittent
cette
saga
(*)
de
façon
plausible.
Une
démission,
une
rupture
sentimentale,
un
accident,
un
décès
sont
parmi
les
composantes
scénaristiques
naturelles
qui
simposaient.
La
force
dUrgences,
cest
aussi
davoir
fait
reposer
son
succès
sur
plusieurs
personnages
et
non
une
unique
star.
Malgré
une
légère
baisse
daudience
(aux
Etats-Unis),
ces
personnages
attachants
contribuent
indiscutablement
au
succès
de
la
série.
(*)
De
mémoire
de
série
télévisée,
aucune
na
osé
changer
une
partie
de
ses
stars
en
cours
de
route
!
Il
est
vrai
que
certains
piliers
sont
là
ou
sont
restés
suffisamment
longtemps
pour
maintenir
le
fil
dAriane
dUrgences
Ainsi
Peter
Benton
et
Marc
Greene,
présents
depuis
lorigine,
sont
restés
jusquau
milieu
de
la
saison
8.
Kerry
Weaver,
est
toujours
la
chef
des
Urgences
depuis
la
saison
2,
suivie
par
Elizabeth
Corday.
Enfin,
Carter,
est
présent
depuis
lorigine
!
Pour
lanecdote,
sachez
que
sa
mère
était
infirmière
et
que
lacteur
consacre
la
plupart
de
son
temps
libre
à
lorganisation
internationale
à
but
non
lucratif
:
"Doctors
of
the
World
"
(Médecins
du
Monde).
Il
y
a
des
rôles
qui
marquent...
Urgences
se
caractérise
aussi
par
un
astucieux
découpage
qui
peut
expliquer
la
fidélisation
du
spectateur
:
chaque
épisode
a
sa
propre
autonomie
jalonnée
de
mini-intrigues
et
se
conclue
par
une
non-fin,
nécessitant
de
découvrir
lépisode
suivant
pour
connaître
la
suite.
Lépisode
suivant
génère
à
son
tour
de
nouvelles
histoires
autonomes
ou
reprend
lintrigue
de
lépisode
précédent
en
laissant
le
spectateur
dans
le
doute
sur
lissue
finale.
Cette
ligne
de
conduite
peut
engendrer
de
fortes
frustrations.
Ainsi
lors
de
la
fin
de
la
saison
8,
lhistoire
sest
interrompue
au
beau
milieu
dune
suspicion
de
contamination
variolique
du
service
des
Urgences
et
une
mise
en
quarantaine
dAbby
et
de
Carter,
après
la
mort
dun
enfant.
Il
aura
fallu
attendre
10
mois
pour
connaître
la
suite
de
lépisode
(saison
9
)
!
Avec
un
très
hypocrite
"Urgences
revient
bientôt
"
de
la
part
de
France2
!
Urgences
sait
aussi
jouer
la
carte
de
lémotion.
Cest
le
cas
de
cette
magnifique
scène,
pourtant
très
courte
(une
vingtaine
de
secondes),
qui
conclue
un
des
épisodes
de
la
saison
6
(*).
La
séquence
se
déroule
dans
lappartement
de
Marc.
Ce
dernier
est
accompagné
de
son
père
que
le
cancer
a
condamné.
Marc
le
sait.
Ils
regardent
ensemble
de
vieilles
photos.
Subitement,
lune
delles
montre
un
portrait
attendrissant
de
Marc,
enfant,
et
son
père
plus
jeune.
La
construction
de
cette
scène
renforce
lémotion
par
un
procédé
de
rapprochement.
Marc
et
son
père
sont
de
dos
en
amorce.
La
photo
est
tout
dabord
présentée,
vue
de
loin.
Au
plan
suivant,
les
deux
compères
sont
montrés
de
profil,
sinterrogeant
sur
cette
photo
dont
ils
avaient
oublié
lexistence.
Puis
la
caméra
resserre
sur
la
photo.
Puis
alternativement
sur
Marc
en
léger
zoom
avant.
Enfin,
le
plan
se
stabilise
sur
la
photo
plein
cadre.
La
musique
chevauche
le
début
du
générique
de
fin
(procédé
récurrent
dans
Urgences),
donnant
tout
le
liant
sonore
et
lémotion
à
la
scène.
-Diffusion
:
NBC
(Etats-Unis),
France2,
tous
les
dimanches
soir
en
prime
time
de
mi-septembre
à
mi-novembre.
-Créateur
de
la
série,
scénariste
et
producteur
:
Michaël
Crichton
(Jurassik
Park).
-Production
:
Constant
c
Productions/Amblin
Television
en
association
avec
Warner
Bros.
-Producteurs
exécutifs
:
Michael
Crichton
et
John
Wells.
-Scénariste
principal
:
Lance
Gentile.
Urgences
en
vidéo
Pour
linstant,
seules
des
VHS
sont
éditées
par
Warner
Bros
en
version
française
jusquà
la
saison
6.
Prix
des
K7
:
14,03
euros,
27,75
euros,
39,99
euros
(coffret),
41,62
euros
(coffret).
Le
1er
DVD
commercialisé
sera
celui
de
la
1ère
saison.
Il
sera
dans
les
bacs
le
26
Août
aux
Etats-Unis
et
à
lautomne
en
Europe.
Urgences
sur
Internet
Un
site
français
très
dynamique
regroupe
toutes
les
informations
sur
la
série,
avec
de
très
nombreux
visuels
(+
de
1000
!).
Régulièrement
mis
à
jour,
cest
le
site
des
passionnés
dUrgences
qui
peuvent
sexprimer
à
loisir
sur
un
forum
très
animé.
Ne
manquez
pas
ce
site
bien
documenté
qui
va
au-delà
du
simple
regroupement
de
fans.
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