02 octobre 2016 par Thierry Philippon - Mis à jour le 31 mars 2017
Voici enfin un test complet du Mavic Pro. Ce drone, revendique un format compact et pliable. A 1200 euros, l'aéronef argue d'une simplicité d'utilisation, et taille des croupières à son concurrent le plus direct, le Karma de GoPro. Victime d'une grave avarie fin 2016, celui qui devait être la nouvelle mascotte de GoPro réémerge difficilement. Par ailleurs, le Mavic est technologiquement plus performant. Il est d'ailleurs si performant qu'il en concurrence même le Phantom 4 de la gamme supérieure. C'est pourquoi DJI a commercialisé une version plus évoluée du Phantom, nommée Phantom 4 Pro qui revendique notamment un capteur 1'' de 20 Mp.
La taille du Mavic est compacte car replié, son encombrement n'excède pas 83 x 83 x 198 mm contre 411 x 117 x 30 mm pour le Karma de GoPro. Même un des petits drones très grand-publics parmi les plus connus - le Parrot Bebop 2 - n'est pas aussi petit. La compacité du drone de DJI est rendue possible grâce à un ingénieux système de repliement des 4 bras et hélices. Le rangement dure moins de 15 secondes. On peut ou non retirer les hélices pour faciliter le transport.
Le poids est aussi en l'avantage du Mavic : 743 grammes au complet contre 1500 grammes pour le Karma. Ce poids semble commercialement hautement stratégique, une future directive en France pénalisant les drones de plus de 800 grammes. Le Mavic est donc au-dessous.
Plié, le Mavic il fait 11 cm de moins que le Phantom 4, ce qui lui permet d'être emporté dans un sac à dos, voire une sacoche. Il tient dans la grande poche d'une veste ou dans un sac photo assez petit, avec la télécommande. Il faudra juste prévoir un plus grand sac si on veut emmener une 2e batterie et son smartphone.
Le corps du Mavic Pro est équipé d'une caméra 4K qui enregistre les vidéos en 4K à 30 ips et en Full HD jusqu'à 96 ips. La caméra 12 mégapixels s'accompagne d'une nacelle à trois axes très petite pour annuler les tremblements des vidéos. Le drone sait aussi prendre des photos compatibles avec le format Adobe DNG RAW (les photos sont aussi possibles en jpg). Des rafales de photos sont également possibles.
Le Mavic Pro peut aller assez vite en mode Sport (jusqu'à 64,8 km/h).
En soi, le Mavic peut voler jusqu'à 27 minutes (20 minutes sur le Karma) avec une portée de 7 Km contre 1 km chez GoPro.
Autres points forts : le drone de DJI évite les obstacles et utilise le système GEO pour identifier les zones de vol restreintes et indiquer automatiquement tout vol dans des zones qui pourraient provoquer des problèmes de sécurité publique.
Le Mavic Pro est contrôlé par la radiocommande longue portée (fournie), ou par un simple smartphone, mais avec de fortes restrictions (hauteur limitée à 50 mètres, vitesse maxi de 14 km/h, etc.). Comme le drone, cette radiocommande est elle-même compacte.
A l'instar du Phantom 4, le Mavic Pro peut retourner automatiquement à son point de départ et intègre une fonction d'atterrissage de précision (Precision Landing).
Encore mieux que sur le Phantom 4 (mais assez égal au Phantom 4 Pro), l'ActiveTrack de DJI reconnaît des sujets faciles à identifier comme les personnes, les cyclistes, les voitures, les bateaux et les animaux. Le Mavic Pro peut alors suivre le sujet.
Concernant le test, je n'ai pas exploité tous les recoins du Mavic, tant les fonctionnalités sont nombreuses, mais même avec cette réserve, ce test a nécessité 6 jours de monopolisation totale (heureusement, la météo était favorable) avant d'écrire la moindre ligne. Comme tout débutant en drone (c'est le 1er que je teste), il faut à la fois se familiariser avec le pilotage de l'engin, éviter les prises de risque, comprendre quels plans vont être payants et déjouer les cas où le drone refuse de décoller ou d'être commandé. Je vous passe les erreurs bêtes d'erreurs de recharge et les kms parcourus à trouver les lieux autorisés les plus propices. Et aussi quelques incidents liés à l'usage du drone, sur lesquels je reviens dans le test...
Pour le test en lui-même, ma situation de faux béotien (béotien en drones, mais pas en prise d'images) est finalement idéale car avant d'être un spécialiste du drone, un amateur averti, voire un professionnel, commence par endosser le rôle du débutant. :)
La qualité d'image tient au capteur et à l'objectif. Comme sur "l'ancien" Phantom 4 (non pro), le capteur est un classique 1/2,3" de 12 Mp (12,3 Mp pour être précis) de type "smartphone". Pour rappel, le Phantom 4 pro exploite un meilleur capteur sur le papier de 1" et 20 Mp.
L'image est correcte et largement suffisante pour un usage de loisir ou professionnel, mais le capteur du Mavic ne fait pas de miracle. L'image est belle mais pas autant qu'avec un camescope entrée de gamme professionnel par exemple. On se méfiera donc si on envisage de panacher des vues de drones avec des vues terrestres. Par défaut, l'image est très piquée, trop à mon goût. Les nuances de contrastes ne sont pas toujours ultra bien gérées.
Le moiré est faible mais se produit dans certains cas, en présence de lignes géométriques par exemple (toits d'une maison). Un jello (tremblements avec ondulations) peut s'observer parfois, bien que de façon générale, le stabilisateur fasse des merveilles...
Un phénomène plus pervers peut se produire avec une source lumineuse de côté qui fait apparaître l'ombre des hélices. Et comme les hélices tournent très vite, vous ne voyez pas l'ombre mais des stries à l'image. C'est très désagréable, rendant le plan pratiquement inutilisable.
L'objectif est de focale fixe, de 28 mm (78,8mm). Elle se rapproche plus de la vision du Phantom 4 Pro (84°, 24 mm) mais s'éloigne fortement de celle du Phantom 4 (94°, 20 mm). DJI évoque une distorsion inférieure à 1,5%. Avantage du Mavic, l'image est bien moins déformée que sur les actioncam. Pas de zoom et si cela voit le jour sur la gamme DJI, il y a fort à parier que seuls les modèles hauts de gamme en bénéficieront dans un premier temps (soit l'Inspire, soit le Phantom).
En revanche, l'ouverture est fixe mais ouvre à f/2.2 : c'est toujours mieux que les f/2.8 du Phantom 4 qui étaient franchement faibles. Du coup, la profondeur de champ est immense, allant de 0.5 m à l'infini. On peut cependant faire varier la vitesse d'obturation, ce qui revient indirectement à modifier la valeur du diaphragme. On peut éventuellement acquérir un filtre ND qui baissera la vitesse d'obturation, généralement très forte avec les drones. Je vous conseille un ND16, bien commode en cas de forte luminosité.
Comme les Phantom 3 Pro, Phantom 4, et Phantom 4 Pro, le Mavic Pro embarque une vraie "caméra" 4K compatible à la fois avec l'Ultra HD et le 4K. Que les adeptes du FullHD se rassurent, cette résolution plus modeste est aussi disponible tout comme le 2,7 K, chère aux caméras GoPro habituellement.
Le Mavic Pro n'est pas fourni avec un filtre anti-UV (contrairement au Phantom ?) mais sachez que d'après mon collègue, il se salit vite et dégrade la transmission. En revanche, Mavic et certains accessoiristes comme Polar Pro, fournissent un kit composé de plusieurs filtres dont des filtres ND. Notez aussi qu’une dominante bleue, particulièrement fréquente avec des paysages de mer ou de montagne, à cause du rayonnement ultra-violet, peut être atténuée en ajoutant un filtre UV (de marque DJI) qui ne coûte que 5 à 10€. Ce n’est pas idiot car cela protégera par ailleurs la lentille.
Comme sur les Phantom, la magie de la stabilisation du Mavic Pro est indéniable. Contrairement aux camescopes, l'objectif n'est pas plus stabilisé que le capteur mais c'est la nacelle qui est stabilisée, performance rendue possible par la caméra intégrée et la légèreté globale du bloc optique. Comme la platine anti-vibration est intégrée dans le corps du drone, les temps de réaction sont plus courts, les moteurs ont moins besoin d'être puissants, et du coup, la stabilité gagne énormément en efficacité. Dans les airs, le drone "s'arrête" véritablement, malgré la prise au vent, toujours existante même par faible vent.
Bien sûr, les esprits chagrins peuvent trouver à y redire : l'intégration d'une caméra empêche de changer celle-ci, du moins pour l'instant, à la différence du Karma de GoPro qui accepte d'évoluer d'une caméra à l’autre (de la Hero 4 Black à la Hero 5 Black par exemple malgré leur ergonomie légèrement différente).
Pratiquement aucun réglage n'est accessible sur le drone en dehors de l'application DJI Go 4. il faut dire que l'application est un véritable tableau de bord du drone. Il n'y a que trois exceptions : d'une part le drone dispose d'un curseur WiFi / RC (à placer normalement sur RC) ; d'aute part, la molette de droite de la radiocommande permet de modifier l'exposition tandis que la molette de gauche peut incliner la caméra (on peut aussi le faire sur écran).
Tous les autres réglages, paramétrages et préférences s'opèrent tous via l'application DJI Go 4.
L'inclinaison de la nacelle par la molette est un peu « brutale » par défaut, mais (merci à un internaute de l'avoir signalé) un réglage sophistiqué est prévu par DJI dans les paramètres avancés du Gimbal. Ces réglage permet de régler très finement à la fois la vitesse, la limite d'inclinaison, le degré de buffer.
On peut aussi modifier la balance des blancs. On a même droit en prime à un histogramme pour contrôler l'exposition et à un Zébra qui, malheureusement ne peut pas s'afficher en même temps que le Peak Focus (voir plus bas).
La mise au point est automatique (distance minimale de 50 cm) mais on peut choisir une mise au point manuelle par toucher tactile sur écran. Attention, de ce fait, on prend le risque d’oublier de réactiver l'AF. Du coup, on peut se retrouver avec un flou prononcé une fois le drone dans les airs, flou qu’on ne distingue pas forcément sur l'écran 5'' d'un smartphone mais qui rend les vidéos totalement inexploitables !
On peut se faire aider par la fonction Peak Focus qui superpose à l'image les zones nettes en les coloriant. C'est un procédé que l'on connaît maintenant bien sur les caméras grands-publics hauts de gamme ou professionnelles. On peut même choisir le niveau d'intensité du Peak Focus (mais pas la couleur) ou bien sûr le laisser sur Off.
Notez qu'il n'y a ni zoom pour varier les focales, ni réglage d'ouverture, contrairement au Phantom 4 pro.
Comme le Phantom 4 pro, le Mavic Pro dispose de nombreux filtres de coloration prédéfinies, et même une customisation possible. On aime bien le D-Cinelike, ainsi que le D-Log (D = DJI). Ce mode, qui donne une courbe de colorimétrie "plate", permet de panacher les images en étalonnant finement si vous utilisez plusieurs drones J'aime bien personnellement le mode Emili.
On dispose aussi de 3 styles (Landscape, etc.) que j'ai toutefois assez peu utilisés pour ne pas trop faire varier les paramètres.
Des messages d'erreur peuvent s'afficher sur la radio-commande. Ils sont dus pour partie à une inexpérience de ce type de produit, mais aussi au potentiel énorme du drone qui provoque nombre de situations complexes ou inattendues. Je n'ai pas vu beaucoup de ces considérations chez les blogueurs-testeurs du Web, à croire qu'ils n'ont pas jugé utile d'en parler.
Béotien en drone, et peu adepte des engins radio-commandés ni même de consoles de jeu, je n'ai pas eu besoin de faire beaucoup d'effort pour me placer dans la peau de l'apprenti droniste ! On se familiarise vite avec l'aéronef qui surprend par sa nervosité et sa réactivité immédiate, mais l'apprentissage est long pour bien maîtriser l'engin, et réaliser de beaux plans, ce qui relativise l'affirmation de DJI qui parle d'un engin facile pour débutants. En fait, le Mavic est truffé de fonctions et de réglages, tous plus intéressants ou utiles les uns que les autres, ce qui en fait un outil agréable à explorer mais pas si simple à utiliser... C'est un drone évolué, pas un jouet d'enfant. La meilleure preuve est qu'on reste très proche des fonctionnalités et réglages des Phantom 4 qui n’ont jamais été considérés par DJI comme des drones pour débutants.
A ce sujet, notez l'existence d'un mode qui s'appelle justement le mode "débutant". Dans ce mode, le Mavic limite la vitesse, la hauteur de vol et la distance, ainsi que les modes automatiques. Un argument supplémentaire qui vérifie l'idée que le drone dispose de niveaux d'utilisation bien différents !
Le simple pilotage s'apprend vite mais comme il y a un risque de crash, mieux vaut démarrer doucement. Ne jamais perdre de vue le drone surtout si vous rencontrez des problèmes de vision du smartphone en plein soleil. Les plans de dévoilement (lorsque le drone recule) sont souvent les plus vidéogéniques, mais ce sont aussi les plus dangereux (obstacle arrière si le drone, emporté par son élan, ne freine pas à temps).
J'aime bien la fonction Flight Pause qui immobilise le drone en stationnaire.
Le Mavic pro est contrôlé par la radiocommande longue portée (fréquence 2,4 Ghz) qui est fournie, ou simplement par un smartphone sur de courtes distances. Comme le drone, la radiocommande avec afficheur (de données) intégré, est elle-même compacte. D'après DJI, le nouvel algorithme de gestion de la bande passante rendrait le nouveau système de transmission vidéo (nommé OcuSync) plus robuste dans les environnements très chargés en fréquences. Il est vrai qu'il fonctionne fort bien dans les conditions prudentes dans lesquelles j'ai utilisé le Mavic (100 mètres maxi et pas plus d'1 km de distance).
On repoussera à plus tard le mode "Sport", pour rester en mode Normal. La portée (théorique) du système de navigation optique du Mavic Pro est de 7 Km et serait la vraie différence, avec le Karma de GoPro, limité à 1 kilomètre. Dans les faits, dépasser 2 ou 3 kms demande déjà une bonne expérience du drone car l'engin est dans ce cas à peine perceptible en visuel direct, voire ne se voit plus du tout. Et à moins d'être un droniste aguerri, l'anxiété croit avec la distance. Élevez déjà votre drone à 100 mètres de distance et vous aurez une petite idée de l'effet produit. de toute façon, la réglementation française impose une puissance d'émission maxi de 4 km. C'est déjà bien. Par ailleurs, les grandes distances avec le Mavic posent le problème de la batterie, car il faut laisser suffisamment d'autonomie pour que le drone puisse faire l'aller et le retour !
Le Mavic Pro atteint une vitesse de 64,8 km/h (mode Sport) contre 54 Km/h chez GoPro, et reste stable face à des vents allant jusqu’à 38,5 km/h. Le fait est, une journée avec des rafales de vent à 50 km/h, a failli me faire abandonner. D'ailleurs, c'est la seule fois où le Mavic m'a indiqué que les rafales de vent étaient très violentes pour lui. Très violentes mais pas trop, puisque l’aéronef a condescendu à terminer le plan.
Le décollage et l'atterrissage sont assez peu évoqués dans certains tests que j'ai pu lire. Ils sont pourtant riches en enseignement. Non, le Mavic ne peut pas décoller s'il y a un peu d'herbe, même basse. Les hélices se heurtent à une résistance et le drone renonce à décoller. Du coup, on est tenté de démarrer le drone à bout de bras, ce qui est déconseillé pour des raisons évidentes de risque de blessure aux mains ou au visage ! Quand on voit les méchantes blessures que peuvent causer des hélices de drones, ça fait réfléchir. Des utilisateurs aguerris pourront toutefois prendre ce risque en cas de nécessité, lorsque le terrain est "indécollable". C'est le cas par exemple en hiver en montagne, quand la neige recouvre tout. Mais pour minimiser les risques, il faut que le vent soit faible ou nul.
Par contre le Mavic peut décoller de tout terrain rocailleux du moment que ses hélices ne sont pas gênées. On peut décoller depuis une simple pierre. Mais en cas de RTH le drone refusera d'atterrir, considérant la pierre comme un obstacle (j'en ai fait les frais) !
Hormis ce point, pour le décollage, la radiocommande doit se connecter au drone. Parfois il faut s'y reprendre à deux fois. Ne pas être trop impatient, laissez la communication entre les deux appareils agir. Quand la radiocommande indique « Ready to go » et que le signal lumineux à l’arrière du drone flashe lentement, la radiocommande est connectée avec succès. En insistant, on arrive toujours à ses fins.
Un petit piège m'a valu de perdre une demi-journée de test : en introduisant la carte mémoire micro-SD, il semble qu'on puisse déplacer involontairement le commutateur Wi-Fi / RC, disponible sur le drone au-dessus de la carte. Suspectez ce commutateur si la connexion refuse de s'établir.
Pensez à bien orienter le contrôleur à distance au départ vers l’engin qui est au sol, et de façon générale, à bien orienter les antennes (bien parallèles). Il en va de la bonne manipulation du drone une fois en vol ! Si le contrôle image ne s'affiche pas, quittez l'application, et relancez. Au besoin, éteignez tout (drone, contrôleur et smartphone), l'image doit se rétablir.
L'atterrissage au point de départ est très probant, aidé par les données satellite. Mais la technique dite "Precision landing" fait mieux grâce à une reconnaissance du sol en 3D à l'aide de clichés. Cette mémoire du lieu de départ permet au drone d'atterrir en théorie à quelques centimètres près de son lieu de décollage. En pratique, si la cible est "brouillonne" (par exemple un peu d'herbe basse), le Mavic exprime sa limite, et atterrit à 1 ou 2 mètres. Il n'est pas si précis.
Côté législation aérienne, les anxieux et les utilisateurs sérieux disposent de deux outils :
Le 1er est le système GEO qui identifie les zones de vol restreintes et empêche automatiquement tout vol dans des zones qui pourraient provoquer des problèmes de sécurité publique. Ce système s'est enclenché au décollage puis parfois, en vol, , dans une zone de survol qui était pourtant autorisée. Mais magnanime, le dispositif vous demande de cocher deux cases et de valider que vous êtes d'accord pour faire voler le drone malgré cet avertissement. Attention le message d’alerte peut s'afficher subitement en vol, masquant dans ce cas presque complètement le retour sur écran.
Le 2e système est le site gouvernemental Géoportail dont je me suis abondamment servi. Il fournit de précieuses indications sur les zones autorisées, soumises à restrictions ou interdites. Ce site ne vous affranchit pas de rencontres tendues avec des gens qui vous empêcheront de survoler des espaces privés. J'ai pris soin d'éviter de faire voler le drone dans des zones trop habitées ou là où des personnes évoluaient ostensiblement.
Mais dans mon environnement, fréquente dans certaines zones françaises, les terrains agricoles (principalement des vignes) et dans une moindre mesure, les champs où paissent des vaches, ne laissent pas 10 m2 de survol possible, sans rencontrer un terrain privé. Il faudrait donc en théorie demander à chaque propriétaire de terrain s'il accepte que le drone survole sa zone. Comment faire dans ce cas, quand on survole des périmètres comprenant plusieurs micro-parcelles appartenant à une bonne dizaine de propriétaires différents ! ? En pratique, la demande d’autorisation aurait pris des allures de parcours du combattant et certains refus auraient probablement fait capoter tout survol. Bref, pas simple..
D'ailleurs, avant même d'avoir fait la moindre image, un éleveur qui passait par la même route que moi, m'a repéré et m'a donné sa façon de penser, avec menaces à la clé si je faisais voler mon drone (sic). Son argument "vous n'avez pas le droit, c'est privé" (j'étais pourtant sur une route départementale, près d'une foret). Pas de chance, le matin même, mon donneur de leçons avait lu un fait divers évoquant un drone introduit illégalement dans une prison située à 30 kms ! Il faut accepter les refus même si c'est désagréable de passer pour le pire des voyous juste parce que vous êtes sensible à la beauté d'un paysage... Pour tout renseignement, consultez la dernière législation en vigueur.
Autre aspect du vol du Mavic, et non des moindres, la détection d'obstacle qui est opérationnelle en mode Normal (mode Normal = P-mode comme Positioning). En théorie, à 15 mètres de l'obstacle, le Mavic signale l'intrus dans son champ de vision. Et à 2 mètres, il s'arrête. La détection d'obstacle s'avère une précieuse alliée mais il faut bien comprendre comment ça marche. Pour se repérer et éviter les obstacles, le Mavic Pro exploite un système nommé FlightAutonomy. Il s'agit d'un réseau composé à la fois de cinq caméras, des systèmes de navigation GPS et GLONASS (russe), d'une paire de détecteurs à ultrasons (sous l'appareil), et d'un processeur multi-coeur 24 coeurs (mazette !) pour améliorer "l'intelligence" du drone.
Les capteurs du Mavic pro se situent à l'avant (60°) et dessous (40°) mais pas derrière, ni dessus. A titre de comparaison, le Phantom 4 détecte sur deux faces (dessous, devant), et le Phantom 4 Pro détecte sur 3 faces (dessous, devant, derrière).
Attention, ces capteurs destinés à éviter les obstacles, fonctionnent uniquement dans le mode Classique à une vitesse de 36 km/h. Par contre, le « Vision system » est désactivé dans le mode Sport. Ce détail est lourd de conséquence car il n’y a donc plus de détecteur d’obstacle à l’avant et en dessous du drone. Les commandes sont aussi plus sensibles et les hélices risquent parfois de se voir tandis que le drone peut se « cabrer ».
Si le sujet est bien contrasté, le Mavic le voit : le mur d'une maison, un toit ou une voiture à l'arrêt par exemple. Avec une haie, le système reconnaît aussi l'obstacle s'il est situé devant lui à une distance de 15 mètres ou au-dessous de lui. Les branches d'un arbre seront également reconnues avec quelques réserves si elles sont trop fines ou trop esseulées.
Attention, si vous êtes juste derrière le drone qui recule ou est emporté par son élan, il ne vous détecte pas. Or des hélices qui vous entaillent un bras ou le visage vous conduiront tout droit aux urgences...
Méfiez-vous aussi de l’eau (au-dessous donc) ! Le système de vision n’est pas forcément efficace dans ce cas. Prudence aussi avec des lumières faibles (au-dessous de 100 lux).
Enfin, pour l'atterrissage, les capteurs sous le drone qui mesurent la distance au sol manquent encore d'infaillibilité : ils mesurent parfois une distance erronée, ce qui oblige à s'y reprendre à deux fois.
Le bouton RTH de la radiocommande (ou celui de l’application DJI Go 4) situé en haut à gauche, permet de lancer un retour au bercail (c'est le terme employé par DJI !). Ce retour s'effectue d'ailleurs automatiquement dans le cas où le signal GPS vient à manquer ou le plus souvent, lorsque la charge de la batterie est insuffisante (dès 25% de charge restante) et qu'on fait fi de toutes les alertes qui suivent. C'est aussi une touche "panique" précieuse, quand le smartphone est déchargé et qu'on ne dispose plus d'aucun visuel. Mais j'ai même utilisé cette touche lorsque la visibilité sur écran était insuffisante pour m'orienter, que le drone était "loin" et que je considérais que le plus sûr moyen était un retour direct au bercail. Lors de ce retour automatique, le drone emprunte des « lignes droites » (élévation /translation / descente) pour revenir au bercail.
Attention, pour revenir au bercail (comme dit DJI), il ne faut pas que le drone rencontre d'obstacle sur son parcours. Normalement il emprunte une route sans obstacle ou sait les éviter. Mais pour être plus sûr, vous pouvez définir une altitude maxi. Et au pire, le pilote peut fort heureusement influer sur la trajectoire du drone en utilisant les sticks pendant ce RTH.
Un "gag" pour finir : si vous vous éloignez beaucoup de votre point de départ, le retour du drone au RTH peut s'effectuer avant que vous n'ayez le temps de revenir à temps ! Il faut vous méfier. Pour ma part, l'incident est survenu une fois.
Le Mavic ne se contente pas de voler. Il peut aussi "obéir" à vos désirs et automatiser certains types de vols. Voici les principaux :
L’Active Track, hérité du Phantom 4, et qui s'est semble-t-il amélioré, permet de suivre « aveuglément » une personne, ou un véhicule, grâce à ses capteurs 3D. C'est pour moi LA fonction automatisée la plus réussie de DJI. Il suffit à l’écran de faire glisser un rectangle sur l'objet (ou le sujet) que l’on veut suivre, puis de confirmer sa sélection. Si le cadre devient vert, c’est bon. S’il devient rouge, l'objet / sujet n'a pas pu être identifié mais vous pouvez réessayer. Sur le papier, ça marche et c’est immédiatement spectaculaire. Le sujet n’a pas besoin d’être centré. Mieux : lorsque l’ActiveTrack perd le sujet momentanément (par exemple à la faveur d’une accélération), il peut le retrouver.
Curieusement, la notice recommande de ne PAS sélectionner des personnes, animaux. Pourtant, avec une personne, cela fonctionne très bien. DJI veut sans doute dire « pas avec plusieurs personnes ».
Cependant, l’objet suivi doit répondre à certaines conditions : par exemple le drone ne doit pas perdre le sujet de vue trop longtemps (s'il sort du champ) ni avoir du mal à l’identifier, cas qui peut se produire s’il se confond avec le fond ou en cas de contrejour. Par ailleurs, la trajectoire du vol ne doit pas rencontrer d’obstacle, sans quoi l’objet ne pourra être suivi tout du long (le drone s’arrêtera face à l’obstacle). Enfin, le sujet peut zigzaguer mais il faudra s'en méfier selon le mode utilisé.
Non content d'avoir imaginé l'Active Track, DJI a varié les modes et les plaisirs. Dans le mode Trace, le Mavic vous suit en restant derrière vous (ou devant vous à reculons) à une distance constante. Dans le mode Profile, il vous suit de côté, ce qui est très probant pour filmer les efforts d'un coureur ou d'un cycliste. Mais il faut se méfier, si vous zigzaguez, le drone va en faire de même et peut rencontrer un obstacle sur le côté. Enfin, dans le mode Spotlight de l'ActiveTrack, la caméra pointe sur le sujet sans bouger le drone, c'est également intéressant.
Le mode Tripod a aussi tous nos suffrages car dans ce mode, le drone se calme en évoluant de façon constante à 3,6 Km/h, quel que soit son sens de direction. L'idéal pour réaliser des prises de vues très lentes à but d'observation, par exemple ou des vues en intérieur quand il y a des obstacles potentiels un peu partout. Ou encore pour débuter.
Le mode Waypoints permet de répéter un trajet pendant que vous contrôlez l’orientation et la caméra. Ce mode conviendra bien à ceux qui répètent des mouvements, come les adeptes du skate ou ceux qui pratiquent des figures stylstiques à ski. Notez que ce « flight path » (chemin de vol) peut même être sauvegardé et rappelé ultérieurement.
La fonction Centre d'intérêt (Point of Interest) diffère car elle permet de tourner autour d'un sujet à filmer. Mieux : comme le faisait remarquer Antoine dans son test du Phantom 4 Pro, elle sait automatiser les panoramiques en "retournant" le drone lors de ses cercles. La vitesse de rotation est ainsi plus constante et le panoramique plus fluide.
Ingénieux aussi, le mode Terrain Follow permet au drone de monter une côte tout en restant à une altitude constante du sol, comprise entre 0,3 m et 10 mètres.
Cette "performance" est assurée par le fait que l’angle entre l’orientation de la nacelle et le nez de l’appareil reste toujours le même. Mieux : les mouvements brusques sont amortis pour donner un effet d’accompagnement.
Il existe plusieurs autres modes parmi lesquels le mode Tapfly où l'avion volera automatiquement dans la direction de la cible qu'on choisit en tapotant sur l'écran. On peut aussi demander au drone de suivre un chemin prédéfini.
D'auters modes sont plus gadget comme le selfie ou encore le Geste (Gesture). Ce dernier mode, uniquement photo, permet de réaliser une photo pour que le Mavic Pro vous repère, par exemple en vous plaçant au centre du cadre, puis vous envoyez les images obtenues sur Facebook, Periscope ou Youtube, par l’intermédiaire de l’application DJI GO.
L'ergonomie du drone en lui-même est intelligemment conçue avec ses 4 bras repliables (dans un certain sens, sinon ça coince) et les 4 hélices qui se replient le long de son corps, ce qui permet au Mavic pro d’être emporté dans un sac à dos (ou une "sacoche" précise DJI). Du coup, on peut réellement envisager de transporter le Mavic pro en voyage. Avec un Karma de GoPro, ce serait un peu plus contraignant.
Précisons que les bras se déplient / replient en moins de 15 secondes. Les articulations sont costaudes, peu de danger de mal vieillir à mon avis.
A propos de transport, DJI propose un sac en bandoulière officiel « spécial Mavic » (89€) qui permet d’emporter le Mavic et ses accessoires dans un sac. Il peut emporter : 1 appareil, 1 radiocommande, 4 batteries, 1 smartphone et des accessoires plus petits comme des câbles. Le poids maximum est de 3 Kg. Il existe aussi des sacs d’autres marques.
La caméra est (relativement) bien protégée, en cas de transport elle bénéficie d'une petite coque de protection en plastique (qu'on peut conserver en vol en cas d'absolue nécessité) et d'un système de blocage de la nacelle pour qu'elle ne gigote pas. Le Mavic tient bien au sol grâce à ses patins d'atterrissage et son "ventre" sur lequel le drone peut se reposer. Le bloc batterie s'enlève par le haut et se remet facilement et rapidement, sans forcer ni faire de contorsions. C'est simple mais ce qui est simple est parfois compliqué à concevoir !
La nacelle (le fameux Gimbal) qui supporte la caméra, répond à une conception poussée. Différents « acteurs » stabilisent cette nacelle : des amortisseurs en caoutchouc qui éliminent les vibrations en vol, mais aussi et surtout un système de stabilisation motorisée sur 3 axes qui permet de garder la même position quelle que soit l’inclinaison du drone. C'est remarquablement fait.
Notez que si vous endommagez des hélices, qui reste de loin la pièce la plus fragile, un jeu de 2 hélices vaut 10 à 12€. On en trouve facilement chez Darty, Boulanger ou Amazon. Il faut utiliser des hélices DJI de préférence. Si vous cassez les 4, le changement reste d'un prix raisonnable.
L'ergonomie de la radiocommande (que DJI nomme "contrôleur à distance") est simple mais réussie. Notez déjà qu'elle se replie et se déplie en un éclair, occupant ainsi moins d'espace lors des transports. A l'avant, les boutons Vidéo et Photo tombent bien sous les doigts. Et l'afficheur renseigne efficacement sur l'action en cours, la hauteur de l'engin, les modes de vol, la vitesse, la connexion GPS, la puissance du signal de transmission ou le niveau de batterie.
Certes, elle n'a pas les dimensions imposantes de celle prévue pour les Phantom 4 car son ergonomie est conçue pour fonctionner avec un smartphone. La radiocommande intègre des prises Lightning et micro-USB, cette dernière servant tantôt à la recharge, tantôt à la connexion avec le smartphone.
Le smartphone s’encastre assez bien avec les écrans 5'' ou moins, en glissant le mobile dans le berceau. Le nôtre (un écran 5'') s’est plus ou moins adapté, malgré sa forte épaisseur. Le système d'encastrement est aussi adaptable à des tailles d'écran plus grandes (5,5'' par exemple) en concédant que le smartphone dépasse sur les côtés. Le maintien du smartphone est assuré notamment par deux grosses pinces mobiles situées sur les côtés. Bien serré, le smartphone ne risque pas de tomber et la radio-commande reste agréable à prendre en mains, sauf peut-être quand il faut courir avec pour les besoins du test ! :)
La télécommande peut éventuellement fonctionner avec une tablette mais c'est moins pratique et la tablette doit être compatible. Théoriquement, toute tablette sous Android ou iPad convient. Mais il y a des exceptions : ainsi notre iPad d'ancienne génération (un iPad 2) s'est avéré trop vieux pour l'application DJI Go 4 ! C'est pourtant la première fois qu'une application refuse de s'installer.
En effet pour que le drone fonctionne, la communication doit s'établir avec l'application DJI Go 4 qui sert ensuite à piloter les fonctionnalités du drone comme le décollage / atterrissage, régler les paramètres image, et bien sûr à servir d'écran de contrôle sur le smartphone ou la tablette.
En fait, tous les réglages passent par l'application DJI GO 4, ainsi que les fonctions plus évoluées comme l'ActiveTrack. C'est dire si cette application est critique pour la bonne manipulation.
L'application DJI Go (4.0) est donc au coeur du système. Problème, la relative complexité de l'application (elle est très complète avec de nombreuses informations sur l'état du vol ou du drone) et l'augmentation du nombre de réglages ne font que s'accroître depuis les premiers Phantom. Du coup, une certaine habitude est nécessaire pour trouver le bon paramétrage au bon endroit. Rien n'est totalement intuitif au départ.
Côté astuce, pensez à vider le cache vidéo dans l’application DJI GO, ou mieux pensez à activer le nettoyage automatique du cache. Cela vous évitera l’affichage intempestif d’un message.
Attention, deux versions DJI Go sont disponibles. La « bonne » concerne les Phantom 4, 4 pro, Inspire, et le Mavic, pour Android et iOS.
Autre piège : l’anglais est seulement de mise sur Android alors que sur iPhone ou sur iPad, vous disposez du français (sic). Les non-anglophones sont donc « invités » à utiliser Apple…
Attention, le manuel de l'utilisateur en pdf a été entièrement retraduit. Or vous trouvez sur le Web encore deux notices : la 1.0 est sérieusement fâchée avec le français. La 1.2 est une vraie traduction qui corrige quasiment toues les défauts de la 1.0. Ouf !
Pour finir, même si c'est peu grave, les alertes sonores de DJI lorsque vous faites voler le Mavic Pro sont en anglais, mais leur nombre est restreint et facile à comprendre (Landing, low Battery...).
Les leviers de commande (Joysticks gauche et droit) sont agréables dans leur manipulation : ni trop durs, ni trop lâches. Ils servent évidemment à guider les déplacements du drone. Les commandes sont structurées intelligemment mais libre à vous de modifier l’assignation de ces commandes si vous le souhaitez. Par défaut c'est le mode 2 qui est en action. Il existe au total jusqu’à 3 modes mémorisables + 1 mode personnalisable.
J'ai rencontré de fréquentes erreurs nommées "Wheel error" n'empêchant pas le décollage mais inhibant tout déplacement du Mavic. Il s’agissait apparemment d'un dysfonctionnement des joysticks de la commande à distance puisqu'après avoir ré-étalonné les commandes, je pouvais de nouveau piloter le drone. J'ai dû réitérer cette manoeuvre une dizaine de fois. Le compas du Phantom 4 pro a eu aussi besoin d'être étalonné. Peut-être est-ce dû à une évolution nécessaire du firmware ou (dans mon cas) à une petite chute de 2 mètres que le drone a subie. Une chute peut entraîner la perturbation du fonctionnement du Gimbal ou juste un message d'erreur sans qu'il soit très endommagé. Vous obtenez alors la mention "gimbal motor overloaded'. De nombreux témoignages d'utilisateurs ayant ou pas fait chuter leur drone, font état de cette mention sur le Mavic. Vous pouvez tenter une recalibration du Gimbal dans le menu mais le message peut continuer à s'afficher au début de chaque vol, sans empêcher le Mavic de voler.
Au sujet des chutes, notez le nouveau programme de garantie, DJI Care Refresh, qui couvre les dégâts accidentels sur le corps, la nacelle ou la caméra du Mavic Pro pendant 12 mois maximum. Prix : 119 euros.
Le système de connexion de la télécommande démarre avec l'application, sans qu'on lance cette dernière, ce qui s'avère bien pratique. L'écran est bien lumineux, ce qui est un atout en extérieur, alors que l'écran de certains smartphones souffrent énormément en plein jour. Plusieurs fois, j'ai dû changer de point de démarrage pour trouver un endroit à l'ombre où l'écran se voyait correctement. Félicitation à la connexion "LightBridge" (variante du WiFi) qui permet une portée plus longue et un meilleur débit vidéo vers l'écran de contrôle. J'ai eu droit à quelques décrochages du flux d'images dans des circonstances peu complexes pour le signal, et qui m'ont fait rater des prises de vues. Il a fallu réinitialiser la radio-commande et le smartphone. Mais c'est resté relativement rare sur 6 jours de tests.
Un bon point en tout cas : la latence reste très faible entre l’enregistrement et la visualisation sur écran, on voit vraiment ce que l'on filme en quasi temps réel.
Lors de l'enregistrement vidéo, un symbole "Rec" s'affiche sur la radio-commande, mais ce symbole - à affichage intermittent - n'est pas assez visible à mon goût. Dans l'application, le temps d'enregistrement écoulé s'affiche mais là encore, il est tellement petit sur un écran 5'' que même avec lunettes, l'utilisateur peine à le lire.
Comme chez mon confrère Antoine et le Phantom 4 pro, la lecture des rushs depuis l'application DJI Go 4 a échoué systématiquement. Visiblement, la mise au point de cette application DJI GO 4 n'est pas terminée.
Il n'existe pas de connectique prévue sur le drone, sauf une prise microUSB (peu exploitée) mais une connectique ne servirait pas à grand-chose : vous imaginez relier un drone à un téléviseur via la HDMI ? Difficilement...
Rappel : les vidéos de drones sont dénuées de son d'origine. On comprend pourquoi : le bruit des hélices est tel (il ressemble à un gros essaim d'abeilles) que le vacarme s'entend clairement au sol comme à faible attitude. Il a même visiblement effrayé un rapace à une hauteur de 50 mètres environ. Je précise cela pour ceux dont les voisins vont peut-être devoir endurer la période d’entraînement dans le jardin du droniste ! Pour des essais approfondis, prévoyez plutôt un terrain neutre (et dégagé) pour vous entraîner.
Mais malgré ce barouf du diable, DJI pourrait prévoir une prise de son filtrante à vocation dictaphone. Il permettrait d'enregistrer quelques commentaires pour noter en direct le style d'images utilisé, ou un réglage particulier. Je vous avoue que pour le test, ça m'a sérieusement handicapé. Or un débutant est aussi testeur...
Autre point, la localisation précise des images (coordonnées GPS) est disponible. On obtient ainsi les principales infos de vol, autonomie restante, tours minute, vitesse, GPS, ou encore télémétrie…. Ces données sont faciles à extraire des images JPEG (une petite mémoire interne conserve les données de vol (logs), mais pas des vidéos). Dommage. Pourtant, TomTom ou Garmin, ont ouvert la voie !
L'un des talons d'Achille du drone - pour ne pas dire LE talon d'Achille - est la capacité de la batterie 3830 mAh (11,4 V), pour ne pas dire sa limitation. Le sentiment de limitation sera d'autant plus aigu si vous venez de l'univers du camescope où déjà, vous protestiez lorsque votre batterie ne tenait guère plus d'1H à 1H30. Sur un drone, elle tiendra 3 à 5 fois moins longtemps ! Grimace. Pire, l'autonomie est un tel point critique qu'elle est un des paramètres du drone à surveiller de près même si l'aéronef sait revenir au point de départ quand il se rend "compte" que son énergie a atteint le dernier quart.
Car parlons chiffres : l’autonomie en temps de vol est de 27 minutes théoriques en mode Normal. Avec le mode Sport qui requiert plus d'énergie, on descend à 20 minutes. En réalité, même sans utiliser le mode Sport, les choses se gâtent dès 23 minutes car le système vous signale « Low battery » dès qu'il juge qu'il ne vous reste plus beaucoup d'autonomie. Par défaut il est placé sur 25%, ce qui correspond à l'autonomie restante. Vous pouvez régler l'alerte de telle façon qu'elle se déclenche à 15%. Vous pouvez continuer à voler encore un peu, mais peu de temps après (1 à 2 minutes), l'électronique vous invite à faire revenir votre aéronef au sol en déclarant qu’il commencera la procédure de retour automatique dans les 10 secondes. Au pire, vous ne pourrez pas continuer à faire voler le drone, au-dessous de 10% restants, soit entre 24 et 25 minutes. C’est une sécurité indispensable évidemment pour ne pas perdre son drone s'il est loin (plusieurs centaines de mètres, voire quelques kilomètres) même si la procédure de retour à la maison (RTH) fonctionne plutôt bien. Bien évidemment, s’il fait froid, la batterie se décharge plus vite. Au-dessous de +5°C, la batterie se déchargera plus vite, c’est certain.
Du coup, les temps de préparation, décollage, cadrage, atterrissage, etc. doivent être optimisés au moins en évitant toute improvisation. Par exemple, évitez de découvrir le fonctionnement d'une fonction lorsque vous êtes sur site, ou de vous rendre compte que vous n'avez pas encore introduit la carte mémoire alors que l'appareil est déjà en chauffe. Chaque minute gagnée, c'est du temps de tournage en plus. Si vous avez momentanément adopté le mode Sport, n'oubliez pas de le désactiver, il consomme davantage !
Mais au fait, pourquoi ne pas prévoir des batteries de plus forte capacité ? Comme pour les voitures électriques, l'autonomie est un point faible des drones, la chimie des batteries étant ce qu'elle est. Les améliorations sont imperceptibles même si elles existent : ainsi le Phantom 4 pro a gagné 10% d'autonomie en plus. Pour un drone léger comme le Mavic, augmenter la taille de la batterie serait contre-productif : car une partie de l'énergie consommée par les moteurs servirait juste à compenser le poids supplémentaire d'une plus grosse batterie !
En pratique, le signalement "low battery" est rapidement anxiogène quand on discerne à peine son drone qui est un petit point dans le ciel. C'est peut-être d'ailleurs un avantage caché du concurrent, le Karma de GoPro, qui est plus gros, donc plus visible. Le Mavic est aussi bien plus petit que le Phantom 4 (Pro) et du coup, il se voit moins dans le ciel.
Dès la première alerte, vous aurez tendance à abaisser le stress en ramenant le drone pour recharger sa batterie ou en placer une 2e.
On recharge assez facilement la batterie du drone en l’extrayant de son logement puis en connectant le transformateur alimentation / chargeur. Notez que le chargeur du Phantom 4 est compatible avec celui du Mavic pro. La recharge dure un peu plus d'une heure (DJI dit 50 minutes, c'est donc plus) avec 4 niveaux de remplissage permettant de surveiller l'évolution de la charge.
Lors de la recharge, j'ai constaté à quelques reprises des erreurs d'indication de charge sur l’affichage extérieur de la radiocommande. Heureusement, quand on stoppe la charge, le niveau d'autonomie réelle redevient correct. En théorie, il ne faut pas recharger une batterie à chaud. Simple précaution ?
C'est pourquoi il s'avère indispensable selon moi d'acheter au moins une 2e batterie batteries et d'opter pour un rechargeur multi batteries (hub pour 4 batteries). Mais plutôt que d'acheter tout au détail, ce qui revient cher (la batterie à l'unité vaut 99 euros !), je vous conseille d'adopter l'un des packs que proposent les revendeurs comme le Pack Mavic Pro Fly More (*). Vous disposez dans ce pack, du hub et de 2 batteries supplémentaires, en plus de la batterie d'origine, soit 3 batteries. Il existe aussi un chargeur pour voitures, ce qui peut s’avérer fort pratique en déplacement, loin de toute prise de courant.
Pour l'anecdote, DJI a fait très vite entre ma demande et la livraison du drone, mais l'unique batterie livrée (j'en avais demandé 2) a été un handicap majeur en matière de test. Tenir entre 20 et 25 minutes maxi est une durée cauchemardesque. J'ai dû aussi affronter de nombreux messages d'erreur qui réduisaient d'autant l'autonomie de la batterie, le temps de farfouiller dans les menus.
(*) Pack Mavic Pro Fly More : contient un Mavic Pro, deux Batteries, des hélices supplémentaires, une station de recharge, un adaptateur, un chargeur pour voiture et un sac en bandoulière pour 1500 €.
Notez une fonction intelligente que je découvre pour la première fois : on peut connaître la capacité de recharges possibles restantes (exprimé en pourcentage) via l'application DJI GO 4. La notre se situait autour de 90% restants. Comme l'état de la batterie est critique, c'est bien vu !
Dans le froid, la décharge sera accélérée, surtout sur la fin. Il faut donc redoubler de vigilance et prendre plus de marge de sécurité.
Pour un long voyage, notez que DJI conseille de faire descendre les batteries à -20%.
La batterie de l'aéronef n'est pas la seule à recharger. Celle de la radiocommande se recharge aussi par un câble micro-USB-USB, que l’on connecte à même le transformateur / chargeur. C’est assez pratique, quoique surprenant au début. Prévoir un peu de place pour recharger tout ce beau monde ! Le remplissage est plus fin, exprimé en pourcentage de charge effectuée. La batterie du Remote Contrôler a une capacité de 6000 mAh, elle dure environ 2 fois plus longtemps que celle du drone. Mais là, il n'y a pas de solution de rechange car la batterie ne s'extraie pas.
Bref, avec le syndrome "batterie", on est un peu loin de la liberté affichée par les images promotionnelles de DJI. Car smartphone ou tablette inclus(e), ce sont 3 appareils au total qu'il faut recharger. Je vous passe les erreurs bêtes de recharge (il y a 3 appareils à recharger au total) qui m'est arrivée une seule fois mais quand on parcourt 10 kms pour bénéficier d'un beau lever de soleil, on n'a que ses yeux pour pleurer. C'est une contrainte dont il faut tenir compte.
Les formats d'enregistrement du Mavic sont assez rapides à circonscrire puisqu'on retrouve le conteneur classique H.264 (.mov). Le débit ne dépasse pas 60 Mbits/s (c'est le débit du premier Phantom 4) et on ne dispose pas du format très compressé H.265 (*) (HEVC) comme sur le Phantom 4 Pro. En revanche, on recense le C4K en 24p (le fameux vrai 4K en 4096×2160), et l'UltraHD en 25, 24 ou 30p (improprement nommé 4K par DJI). Préférez l'UHD si vous comptez regarder les rushes sur TV car toutes les TV ne relisent pas le vrai 4K.
On trouve également le 2,7 Ko (résolution bien connue chez GoPro) ou le plus classique Full HD dans toutes les fréquences du 24 au 96p et pour finir, du 720p en 120p.
Pour info, l'utilité des très hautes fréquences d'image sur un drone, restent à démontrer.
(*) Le H.265 doit toutefois être regretté modérément car les logiciels ont encore du mal à tous le relire.
Du coup, les débits étant faibles, DJI n'impose pas de carte SDXC U3, mais seulement une carte U1 (ou Class 10). D'ailleurs, DJI fournit une carte 16 Go adaptée à tous les modes proposés par le Mavic. Notez au passage que la carte s’introduit à l'envers et que si vous vous trouvez de sens, vous ne risquez pas de forcer l'introduction, comme sur certaines actioncam horripilantes.
Le drone annonce accepter des cartes jusqu’à 64 Go, mais je peux confirmer que les 128 Go sont acceptées. La référence de celle que j’ai utilisée est la micro-SDXC Transcend Ultimate UHS-1 (60 Mbit/s en écriture) de 128 Go donc. De préférence, il faut éteindre le drone avant d’insérer / extraire la carte mémoire.
Attention, malgré le débit restreint, la taille de fichiers UHD ou 4K a tendance à gonfler rapidement. C'est une donnée à prendre en compte en prises de vues de drone où les plans de plusieurs dizaines de secondes ne sont pas rares, surtout lors des premiers maniements de l'aéronef. Or 20 secondes en UHD, ce qui est un temps relativement court pour une vue depuis un drone, représentent déjà 150 Mo d'espace carte utilisée. Je me suis d'ailleurs fait surprendre par la mention "carte SD Full" alors que je n'avais - grave erreur - aucune carte de rechange sur moi et que je venais d'arriver sur site. Ma carte 64 Go s'était remplie en 2-3 jours de tests seulement. A titre exceptionnel, par rapport à ce que je conseille d'habitude je trouve qu'une carte 128 Go est pertinente pour des prises de vues de drones, car elle permet de réduire le nombre de paramètres à prendre en compte, sans s'interrompre.
Le Mavic enregistre également des photos de bonne qualité en 12 Mp. Les photos sont au format DNG (très lourd, et dépendant d'une version récente d'Adobe) ou JPEG, logés dans un dossier DCIM, comme la vidéo. On regrette juste que les metadata de tournage (localisation, réglages caméra, etc) n'y figurent pas.
Le Mavic a un vrai concurrent sur le papier en la personne du Karma de GoPro. La taille est ce qui différencie de façon visible les deux produits, le Mavic arguant d'une taille très compacte de 83 x 83 x 198 mm contre 411 x 117 x 30 mm pour le Karma qui revendique aussi sa grande compacité (allez comprendre...). Le poids est aussi en l'avantage du Mavic : 743 grammes au complet contre 1500 grammes avec batterie pour le Karma.
La transportabilité du Mavic est donc meilleure et ses fonctions sont bien plus élaborées comme l'Active tracking ou l'évitement d'obstacle dont le Karma est dépourvu. Il est aussi moins rapide et va moins loin et moins haut.
Le Karma a une botte secrète objective : la partie stabilisateur du Karma est détachable pour aller se fixer sur une poignée à 3 axes (Karma Grip), système proche dans son concept du stabilisateur Osmo de DJI. Par ailleurs, même si c'est moins significatif, la radio-commande du Karma intègre un écran couleurs 5 pouces de contrôle (tactile) d'une autonomie de 4 heures, alors que le système de DJI repose obligatoirement sur un smartphone ou une tablette.
Le prix du Karma l'emporte assez nettement à 675 euros contre 1200 euros. Mais si l'on prend en compte la nécessité de faire fonctionner le Karma avec une GoPro 4 ou Hero 5, son prix avoisine celui du Mavic. Il n'est donc intéressant que si l'on possède déjà un Hero4 Black ou Hero5 Black. Avec le grip, on monte à 1000 euros. Un pack complet (grip + drone + GoPro Hero 5 Black) est aussi proposé à 1400 euros.
Il reste que le Karma a subi un gros revers à l'automne dernier en raison d'une défaillance technique majeure à sa sortie qui a obligé GoPro à reporter sa date de sortie de 5 mois. L'avarie est réparée mais la réputation de la marque en a pris un sérieux coup et le Mavic de DJI, sorti également à l'automne sans problème technique, a grignoté une sérieuse avance sur son concurrent.
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