Test Dashcam Transcend DrivePro 220
la rolls de la vidéo-conduite
06 mai 2015 par Thierry Philippon
Acheter |
|
Prix fabricant : 185 Euros |
Marché naissant mais à la progression très significative (on évoque un marché français de 280.000 pièces en 2014, soit un chiffre multiplié par 10 en 3 ans), les dashcam (*), parfois nommées "boîte noire", ont le vent en poupe bien qu'elles aient parfois mauvaise presse. Souvent présentes aux Etats-Unis (police) ou dans certains pays de l'Est comme en Russie, ce sont les Dashcam qui ont filmé cette fameuse météorite qui, le 15 février 2013, a illuminé le ciel d'une région de l'Oural. C'est aussi une unique Dashcam qui a enregistré ce dramatique accident d'avion de la TransAsia, à Taipei. Les Dashcam ont même fini par répondre à des besoins fous : ainsi en Pologne ou encore en Asie, elles servent de protection aux conducteurs face à certaines personnes désespérées (ou roublardes) qui se font intentionnellement percuter (parfois au péril de leur vie) pour pouvoir réclamer une prime d'assurance ou soudoyer de l'argent auprès du conducteur" fautif". (*) On les appelle Dashcam en raison du fait qu'elles sont fixées au niveau du tableau de bord (Dash = tableau de bord) ou sur le pare-brise. |
Le succès des Dashcam en France est a priori moins "trash" : il tient au fait qu'elles servent de témoin, voire de preuve en cas de véritable accident. Une Dashcam peut aussi probablement aider à rédiger un constat amiable, la confusion d'un accident entre deux véhicules ne permettant pas toujours de savoir qui a fait quoi. On évoque aussi le fait qu'une Dashcam peut servir d'apprentissage vidéo pour un jeune conducteur qui apprendrait à conduire. Paradoxalement, la caméra embarquée aurait par ailleurs un effet bénéfique : sachant que tous ses trajets sont filmés, le conducteur aurait tendance à respecter davantage les limitations de vitesses. Si le caractère juridique de la preuve d'images extraites d'une Dashcam est encore sujet à caution devant un tribunal, les assurances de véhicules commencent à s'intéresser de près à cet outil, à l'image d'une société de courtiers d'assurance qui s'est associée au fabricant de "boîtes noires" RoadEyes. Le prix de la cotisation s'en trouve baissé de 30% sous certaines conditions. C'est l'exception qui confirme la règle semble-t-il. Par ailleurs, en cas de litige avec une partie adverse, tout laisse à croire que les assurances ne dédaignent pas à regarder la vidéo d'un de leurs clients qui aurait la preuve vidéo infaillible - preuve géolocalisée et horodatée - de la façon dont l'accident s'est réellement produit... Un spécialiste avance même la probabilité que les dashcam se généraliseront et deviendront obligatoires. Une prédiction bien imprudente, à mon avis. Pour autant, l'enregistreur vidéo, situé à l'avant, ne résout pas tout. A titre d'exemple, je me suis fait percuter 2 fois par l'arrière alors que j'étais à l'arrêt. Dans le 1er cas, le conducteur était ivre et a freiné trop tard, dans le second, la conductrice téléphonait. il m'aurait donc fallu également une Dashcam arrière avec les problèmes d'alimentation que cela pose (l'allume-cigare étant monopolisé pour 1 Dashcam). |
Trajet reproduit avec le logiciel DrivePro PC toolbox |
Les vraies raisons de parler d'une Dashcam dans magazinevideo ne sont pas liées à la sécurité routière. Plusieurs raisons nous ont motivé : D'abord, il nous a paru important d'explorer ce sujet car les fabricants de cartes mémoire (tel Transcend) se mettent à produire des enregistreurs vidéo pour véhicule et les spécialistes du GPS en voiture se mettent à concevoir des caméras sportives, cas de Garmin avec ses Virb Elite (et bientôt Virb X). Les enregistreurs vidéo embarqués ont aussi réalisé de gros progrès en termes de qualité d'image. D'autre part, qu'il s'agisse d’actioncam ou de dashcam, on parle dans les deux cas de "caméras embarquées" et elles peuvent toutes deux produire des types d'images comparables. Il existe donc des "croisements" technologiques et sémantiques indiscutables. Ensuite, une Dashcam permet de réaliser des travellings particulièrement réussis si vous voyagez dans une belle région dont vous voulez garder une trace visuelle, ou géolocalisable. On pourrait même imaginer que cet accessoire puisse servir à un assistant réalisateur, à titre de repérage. En dehors du scoop, une Dashcam peut filmer des événements inattendus : habitant dans une région parsemée de petites forêts, j'ai vu plusieurs fois des cervidés traverser la route devant moi ou même s'arrêter, intrigués, sans avoir d'enregistreur vidéo à disposition à ce moment-là. J'ai enragé. |
Enfin, j'ai trouvé une utilisation détournée plutôt utile de la dashcam, plus spécifiquement pour le réalisateur ou le vidéaste. C'est le film Taxi Téhéran, ours d'or au Festival de Berlin, réalisé par Jafar Panahi, et tourné dans des conditions proches de celles d'une Dashcam, qui m'a convaincu de l'utilité du procédé. Taxi Téhéran a été tourné avec 3 simili-Dashcam (en réalité des Blackmagic), à la fois pour filmer le conducteur (un chauffeur de taxi) et ses passagers truculents ! Le réalisateur a par ailleurs aménagé une voiture avec toit ouvrant, pour que la lumière y pénètre mieux. Au final on obtient un excellent film de cinéma tourné intégralement en "dashcam". Qui l'eût cru ? Cet exercice s'est imposé au réalisateur, de par les conditions politiques de sa situation personnelle : déjà emprisonné, le réalisateur iranien n'a théoriquement pas le droit de tourner en extérieur ni de quitter le territoire. Il a donc eu l'idée de ce huis clos dans l'habitacle d'un taxi. Rien ne vous empêche donc - avec un tout autre scénario - ou pour des besoins ponctuels - de filmer avec une ou deux Dashcam. Mais place au test de la Transcend DrivePro 220. |
Le test de la Transcend DrivePro 220
Transcend, plus connu pour ses cartes mémoire ou ses lecteurs de cartes, n'en est pas à sa première Dashcam. Pardon, le fabricant semble préférer le terme d'« enregistreur vidéo pour véhicule » (c'est vrai que par les temps qui courent, le terme "dash" n'est pas très heureux). De référence DrivePro 220, la Transcend est donc une caméra qui tente de tailler des croupières au leader Garmin. La similitude de forme est d'ailleurs révélatrice. Pas facile… Cependant, côté caméra, le DrivePro 220 revendique un angle de vue type « caméra sportive » de 130°. Toutefois l'angle est proche de celui de la concurrence (120° chez Garmin par exemple). Son prix est de 185 euros. Garanti deux ans.
|
Les enregistreurs vidéo pour véhicule comme le Transcend Drivepro 220 se fixent au pare-brise grâce à une ventouse détachable (ou un support adhésif selon la version), à la manière d'un GPS. Le poids très léger de la DrivePro 220 (90 grammes tout compris) et les dimensions réduites ( 70.2mm × 63.1mm × 34.5mm) permettent cette fixation sans difficulté ni gêne visuelle. Préconisation : enlevez votre dashcam (en laissant éventuellement le support avec sa ventouse) quand vous vous absentez du véhicule, sinon c'est un nouvel objet de convoitise ! Mais attention, retirer la Dashcam seule (qui s'encliquette) n'est pas facile, la retirer avec la ventouse est paradoxalement plus simple.
|
La Dashcam s'alimente à la prise allume-cigare (sur certaines voitures, il vaut mieux débrancher l'allume-cigare, car il pourrait continuer de fonctionner), monopolisant ce dernier et générant un « fil à la patte » de grande longueur qui se balade à l’intérieur de l’habitacle. Mais la longueur du fil est en réalité un avantage pour pouvoir le faire passer dans les garnitures du véhicule. Par ailleurs, la dashcam Transcend est aussi dotée d’une batterie interne au Li-Polymère, permettant à la Drivepro 220 de conserver une autonomie d’enregistrement de 30 minutes (quand la batterie est chargée à 100%). Chez Garmin (Dashcam 20), on atteint presque une heure. Cela permet en tout cas d'éviter d'avoir un fil qui se balade de façon disgracieuse et surtout encombrante. Au démarrage du véhicule, la Dashcam s'allume toute seule, et les fichiers vidéo s'enregistrent sans la moindre intervention humaine dans la carte mémoire. Et à l'arrêt du véhicule, au bout de 10 secondes de stockage du fichier en cours, le Dashcam s'arrête et s'éteint. C'est là l'un des gros avantages sur une actioncam. On sait qu'on enregistre grâce à deux témoins d'enregistrement (sur écran et en dehors de l'écran) plus le défilement du compteur. En cours d'enregistrement, on peine même à arrêter la Dashcam. La notice nous rensiegne sur ce point : on peut par exemple arrêter la Transcend en appuyant pendant 3 secondes sur le bouton Marche / Arrêt. |
Autre avantage, le découpage possible de chaque séquence en séquence de 3 minutes (durée proposée par défaut et qui convient) ou 1 minute ou 5 minutes. Cela permet de retrouver la portion de film intéressante et surtout, de ne pas être contraint de stocker un lourd fichier de 29 minutes pour 2 minutes ou 3 minutes intéressantes . Si un événement intéressant se produit au milieu de 2 fichiers, sachez que le raccord entre 2 fichiers est parfait, c'est à dire qu'il ne manque aucune frame.
|
On peut enregistrer en 1080p ou en 720p, en 30 images dans les deux cas. Pas de WVGA (800 x 480) mais ce n'est pas bien grave. Bien que non-spécifié, le débit est d'environ 16 Mbits en H.264, ce qui correspond au débit moyen que l'on trouve sur certaines caméras actioncam. Une fonction Snapshot capture des photos à tout moment. Le DrivePro 220 a une capacité d'enregistrement de 2H20 ou 4H20 selon que la carte est une micro-SD de 16 ou 32 Go. Chaque fichier pèse au maximum 350 Mo en FullHD si on laisse le paramètre "durée de la vidéo" par défaut sur 3 minutes. Et jusqu'à 9H avec une 64 Go. Multipliez environ par deux la durée en 720p. La carte incluse devrait donc sufire dans la plupart des cas, sauf si vous roulez énormément. Une carte microSDHC de 16 Go MLC Class 10 est incluse avec le pack, c'est de bon augure ! Il faut dire que Transcend a fait le choix de la seule carte, sans mémoire interne, mais c'est aussi le cas de Garmin et de son modèle Garmin Dashcam 20 qui a toutefois une carte de plus faible capacité (4 Go seulement). L'absence de mémoire interne sur la Transcend peut présenter un inconvénient en cas d'oubli de la carte. Hormis ce point, ce n'est pas vraiment un obstacle. En soi, Transcend recommande une Class 6 ou supérieure. Attention à ne pas retirer cette carte en cours d'enregistrement, vous risqueriez de l'endommager. Si vous allez au bout de la capacité de la carte, sachez qu'une fonction "boucle" avec écrasement des anciens fichiers, existe. Il existe aussi un mode Parking qui a pour conséquence que la caméra se déclenche seulement s'il y a un mouvement devant l'objectif : pratique pour repérer le chat qui ne cesse de monter sur votre voiture ! :) Il utilise donc la batterie interne. |
La qualité d'image est très honnête, bien servie par un CMOS 3 Mp : c'est généralement suffisant pour l'usage habituel des Dashcam et c'est même mieux que d'autres Dashcam : Garmin plafonne ainsi à 2 Mp avec sa Dashcam 10 sensiblement au même prix. Cerise sur le gâteau, une ouverture à f/1.8, qualifiée de supérieure par Transcend et qui donne, durons-nous, des résultats propres. La sensibilité du DrivePro 220 s’ajuste automatiquement aux conditions de luminosité ambiante. Par exemple, la Transcend gérera les variations de luminosité consécutives à l’entrée et la sortie d’un tunnel… J'ai toutefois remarqué qu'en dehors du cas spécifique du tunnel, que cet ajustement peut s'avérer gênant, pouvant créer des petites sautes de luminosité qu'un oeil exercé voit parfaitement. |
La déformation est prononcée comme sur une Gopro mais celle-ci vous indispose, pas mal de logiciels aujourd'hui permettent de rectifier les images "en tonneau". Notez que les informations techniques telles que position GPS, vitesse, etc s'incrustent à l'image (si vous le souhaitez, c'est débrayable) ou sont récupérables sur l'application maison de Transcend. On ne peut éviter en revanche le reflet d'une partie du tableau de bord, de nombreuses voitures (toutes ?) ayant cette conception. Et la pose d'un filtre polarisant sur un dash cam paraît relever de l'exploit, celle-ci n'ayant aucun pas de vis et le diamètre étant bien spécifique. L'audio est très assourdi, fortement insuffisant, même en modifiant le niveau (jusqu'à 5 paliers). Si vous voulez utiliser la dashcam pour enregistrer des voix, prévoyez impérativement un enregistreur audio externe (tel qu'un zoom H2N ou H4N par exemple). Vous pouvez désactiver le son de la Dashcam si souhaité. |
L'écran couleurs de diagonale classique (2,4'') est assez médiocre mais ils le sont souvent sur les Dashcam, Transcend ne fait ni mieux ni pire. On est tenté par le tactile instinctif (qui n'existe pas !) mais on se familiarise vite avec les flèches ascendantes / descendantes, OK et retour arrière. En lecture, on regrette l'impossibilité de faire défiler la vidéo à vitesse rapide pour vérifier une scène précise. Ce qui pourrait être utile en cas d'accident pour rédiger le constat ! Enfin, un regret : pas de câble micro-USB vers PC fourni, il l'est pourtant chez certains rivaux. Il faut donc extraire la carte et la relire avec un lecteur de cartes. |
L’enregistreur est aussi équipé d’un Wi-Fi interne. Dès qu’il est connecté au réseau sans fil dédié au DrivePro 220, son utilisateur peut regarder les enregistrements en direct, lire et télécharger des vidéos. La liaison Wi-Fi est simple à établir avec un code de base de type 123456. |
En téléchargeant l'application Drivepro App pour Ipad ou Smartphone, l'utilisateur peut aussi ajuster les réglages du Transcend DrivePro 220 depuis son smartphone ou sa tablette.
|
Grâce au logiciel DrivePro PC toolbox (compatible Windows uniquement), l'utilisateur peut aussi sélectionner le fichier de son choix et en visualiser l'itinéraire précis grâce aux données GPS. Très pratique.
|