Test Sony Xperia 5
le smartphone en 21:9 et 3 capteurs
23 novembre 2019 par Thierry Philippon
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Sony XPeria 5 |
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Prix fabricant : 800 Euros |
Plutôt à la peine sur le secteur des smartphones hauts de gamme en raison d'une concurrence féroce, Sony, chantre de l'innovation, tente de reprendre du poil de la bête depuis 2 ans environ. Après le XZ3, et surtout le Xperia 1, modèle très haut de gamme Premium à 1000 euros sorti mi-2019, un petit frère fait son apparition cet automne, le Xperia 5, présenté au dernier IFA. Modèle également pointu, il justifie son prix plutôt élevé de 800 euros par des capacités étendues, particulièrement en photo et vidéo, par un processeur de toute dernière génération et un écran de technologie OLED 21:9. Ajoutez sa capacité confortable de 128 Go. Mais comme les smartphones hauts de gamme doués de hautes capacités ne manquent pas chez OnePlus, Xiaomi, Samsung et Apple (on pense à l'iPhone 11 notamment), Sony est obligé de cumuler les fonctions qui vont intéresser les utilisateurs exigeants, voire les aficionados de la marque sur d'autres secteurs que les smartphones. La force théorique du Xperia 5 est de trois ordres : d'abord un triple capteur 1/2,6" (un triple objectif si vous préférez) permettant de saisir des vues photo ou vidéo selon trois angles de vues (trois focales) de 16, 26 et 52 mm. Sony n'est pas seul sur ce concept et pour qu'il soit convaincant, il faut que la qualité optique et électronique soit au rendez-vous. Il aura d'ailleurs fallu attendre le Xperia 1 pour y avoir droit. Ensuite le Xperia 5 est un modèle à l'écran atypique 21:9 confortable et bien conçu pour le visionnage de films de cinéma ou de jeux vidéo. Enfin un modèle qui reste "Premium" (comprenez "à forte valeur ajoutée"), mais plus petit par rapport au Xperia 1, ce qui augmente sa maniabilité, sa prise en mains. Précisons au passage que le Xperia 5 est bien une version plus compacte du Xperia 1 et en aucune façon son successeur. Et ne cherchez pas de Xperia 2, 3, 4, ils n'existent pas ! :) |
Le système d'exploitation est le dernier en date (Android 9 Pie) avec une certaine épuration du nombre d'applications par défaut, même si je trouve qu'il y en a encore beaucoup ! :) On notera la présence d'un capteur d'empreintes sur le côté droit (il déverrouille rapidement le smartphone) et les panoplies technologiques attendues comme le Wi-Fi, le Bluetooth 5.0, le NFC, la détection latérale, la reconnaissance faciale, un double emplacement pour carte NanoSIM, le suivi Eye AF, le GPS, la réduction du bruit RAW, etc. Par ailleurs, le Xperia 5 résiste à la poussière et à l'eau selon la norme IP65 / IP68 comme c'était le cas pour d'autres modèles XPeria (XZ2, XZ3, XPeria 1). |
Ce test se concentre logiquement sur les facultés photo et vidéo du Xperia 5, souvent survolées sur les sites moins spécialisés "image" que magazinevideo. Je ne m'attarderai donc pas sur les propriétés purement "smartphone", notamment en termes de réseaux, ou de fonctionnalités applicatives. En revanche, je me pencherai sur la très intéressante application Cinema Pro. Par ailleurs, quand on teste un smartphone sur un plan "image", on aborde aussi des aspects liés au maniement tels que l'écran tactile, le stockage des données images, l'autonomie, etc. Vous pourrez aussi trouver de précieux fichiers-tests natifs vidéo dans la partie Téléchargements (réservée Premium). |
Le test du Sony Xperia 5
La focale 52 mm, qui bénéficie aussi du stabilisateur, est de qualité largement supérieure à celle que procurerait un agrandissement numérique à la prise de vues. Malgré tout, le problème principal est que les détails sont un peu plus "grossiers", et l'ouverture moins intéressante (à f/2.4) montre ses limites en cas de lumière insuffisante, avec des pixels alors très présents. Une légère déformation géométrique est aussi visible mais l'image reste globalement homogène. Notez l'existence d'un mode dit "Portrait", qui est couplé à la fois au capteur dédié et à un système de détourage qui floutise l'arrière-plan, façon bokeh. Sony n'est pas seul à utiliser ce procédé mais il le fait plutôt bien, même si le détourage de l'arrière-plan peut parfois laisser à désirer selon la complexité de la scène. |
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La focale 16 mm est spectaculaire, notez qu'elle est dépourvue de stabilisateur. Elle permet d'intégrer des sujets comme un monument, ou l'espace intérieur d'une voiture ou d'un café, mmais l'angle est sans doute trop marqué, ne pouvant éviter une image manquant d'homogénéité sur les bords, et très déformée sur ces mêmes bords, même si certains logiciels savent aujourd'hui rectifier les lignes arrondies trop prononcées. Enfin, la caméra avant pour selfie, moins exigeante, se contente logiquement d'une seule focale grand-angle et d'une résolution moindre mais classique et déjà suffisante, de 8 Mp. |
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La dalle 6,1 pouce est atypique car il s'agit d'un ratio 21:9, orienté cinéma (Sony ne s'est jamais caché de cette "appartenance") et jeu vidéo. Les smartphones s'étendent au maximum au 20:9, et encore c'est rare, le ratio de Sony est donc le plus impressionnant. Même si l'écran et ses 6,1 pouce paraît très grand, il l'est moins que sur l'Xperia 1 (6,5 pouce) et n'est pas 4K comme c'est le cas pour le Xperia 1. Par ailleurs, l'écran occupe seulement 80% de la surface, car les limites supérieure et inférieure accusent un bord noir assez haut (accueillant caméra frontale et HP). Malgré tout la sensation de "grand écran" est garantie avec ce format étiré 21:9 inhabituel. Le revêtement est en verre Gorilla Glass 6 avec un traitement brillant. |
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Il faudra veiller - selon vos goûts ou votre exigence - à bien "calibrer" cet écran. Des réglages d'écran vous sont proposés (Balance des Blancs) et ils ne sont pas inutiles, sachant que la colorimétrie et le contraste proposés par défaut peuvent déplaire. Par exemple, sachez qu'en matière de colorimétrie, le mode "Froid" est calibré par défaut dans le mode Standard (et "Moyen" dans le Mode Création vidéo). La réactivité du Xperia 5 est bonne : il met au point / gère la luminosité rapidement, déclenche rapidement, etc. Bref, un sacré prêt à dégainer... couplé à la prise en mains facilitée. Mais deux bémols : d'une part, l'effet savonnette existe toujours, c'est pourquoi la forme relativement glissante de l'Xperia nécessite absolument une coque de protection. Je suis d'ailleurs toujours effaré de voir la majorité (?) des utilisateurs (trices) avec leur smartphone "nu" à la main dans les transports, sans aucune coque de protection. |
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Second bémol, par comparaison avec deux smartphones que je possède (un sous Android, un sous iOS), j'ai été décontenancé par la proximité et le nombre des boutons du flanc droit (le capteur biométrique a même été logé à cet endroit), ce qui a pour résultante qu'on se trompe parfois de bouton, surtout à l'aveugle...
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Côté audio, la qualité est excellente quoique faible, aussi bien en prise de son qu'en restitution (les hauts-parleurs). Le seul mode possible est automatique. Les hauts-parleurs occupent une large place en façade en façade. C'est la technologie S-Force Front Surround qui est utilisée. Au gré de l'utilisateur, on peut activer le Dolby Atomos, codec audio dans lequel bon nombre de films et émissions en ligne sont codés, on peut aussi activer la technologie DSEE HX, qui procure aux fichiers MP3 une grande qualité. On peut juste déplorer une absence de port mini-jack conventionnelle 3,5mm, nécessitant d'opter pour un casque sans-fil. Heureusement on peut utiliser l'adaptateur USB-C-mini-jack fourni, qui permet d'utiliser un casque conventionnel avec mini-jack. Le Xperia compresse en JPG sans proposer de RAW, pour moi cela prouve simplement que les smartphones ne sont pas au niveau des vrais appareils photo de type hybride expert car cela se ressent sur le traitement des photos. Les résolutions sont aux formats 16:9 (qui n'est pas une taille photo) ou 4:3 ou le très tendance 1:1. Mais pas de 3:2, dommage, c'est pourtant bien un des principaux formats photo ! Du coup, la résolution photo varie entre 12 et 9 Mp. Pour des agrandissements / retouches, la résolution maximum est conseillée. |
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Les résolutions possibles sont plus diversifiées en vidéo. Avec le module appareil photo standard, on dispose à la fois du 4K (UHD en 3840 x 2160 donc) en 30p, du Full HD 30p, du FullHD 60p mais aussi de la faculté de faire du 1:1 (vidéo dite carrée), et du HD simple (720p). On notera donc l’impasse sur le 4K 60p dont on sait qu'il est difficile à gérer en termes de chauffe de l'appareil, raison probable pur laquelle Sony ne l'a pas implémenté. D'ailleurs Sony affiche même un avertissement en cas de chauffe, valable en cas d'utilisation prolongée, particulièrement en 4K. Sony prévient aussi par un avertissement qui peut passer inaperçu. Parfois du 4K est désactivé automatiquement et passe en FullHD 60p si vous êtes en HDR. On a fait l'expérience à plusieurs reprises, mais pas systématiquement, ce qui est troublant. Pour éviter tout désagrément, il faut s'abstenir de solliciter le HDR. Deux choix de codecs sont par ailleurs proposés : le classique H264 (la norme usuelle) et le plus audacieux H265, qui offre une compression plus forte et s'avère donc moins lourd en termes de poids de fichier mais plus délicat à gérer au montage. Une même séquence de 10 secondes en 4K totalise 47 Mo en H.265 contre 75 Mo en H.264, soit 60% de moins ! Le retour de bâton : tous les systèmes ne relisent pas le H.265. Il faut contrôler si votre lecteur multimédia ou logiciel de montage le relit correctement ou pas. |
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Avec l'application Cinema Pro que nous verrons un peu plus loin, on étend les possibilités à des résolutions totalement en phase avec la largeur de l'écran. |
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sans HDR | |
avec HDR | |
Le HDR s'invite (ce n'est pas la première fois) sur ce modèle Sony. ce qui est une bonne nouvelle pour gérer des sujets évoluant entre ombres et soleils, Le HDR en vidéo est une technique lointainement inspirée de la photo mais qui s'en éloigne puisqu'il ne s'agit pas de superposer plusieurs vues d'exposition différente mais ici, de gérer les situations de fort contraste ou d'éclaircir des zones d'ombres comme celles qui peuvent exister dans une église ou pour faire mieux ressortir des nuances de gris ou encore pour renforcer des ciels pâlots. Dans le mode photo, le HDR n'influe pas sur le niveau du noir ni sur la dynamique, en vidéo, en théorie, si. Attention, le mode d'utilisation du HDR, s'il gère correctement les contrastes, peut générer des variations de luminosité en cours d’enregistrement, si du moins le smartphone bouge; du coup, seules les vues parfaitement fixes en vidéo bénéficient donc d'un HDR acceptable. Notez que l'écran du Xperia 5 gère directement ce mode HDR, mais méfiez-vous, si vous exportez votre fichier, votre ordinateur ou votre logiciel doivent le gérer aussi. On peut aussi activer une lampe d'appoint pendant l'enregistrement vidéo, mais en aucun cas cela ne remplace une torche, la puissance étant largement insuffisante. Le passage d'un mode à l'autre (Photo vers Vidéo puis Mode) n'appelle pas de reproche ni louange particulier. |
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Le tenue horizontale à deux mains, rappelons-le, est mille fois préférable en vidéo à la tenue verticale, mais nécessite un effort un peu plus grand et une précaution d'usage pour ne pas actionner les boutons du bord droit qui peuvent être enclenchés par inadvertance. C'est pourquoi la solution experte pour utiliser ce smartphone est de le porter avec un support pour smartphone. Il en existe de multiples variétés, du plus simple au plus professionnel. |
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Le déclencheur photo / vidéo, représenté par un gros bouton blanc / rouge, est bien positionné en tenue verticale, un peu moins en tenue horizontale mais c'est assez logique. Afin de ne pas se faire repérer en train de filmer, on peut baisser ou même désactiver totalement le bruit qu'il émet dans les Paramètres. Le déclenchement est immédiat ou quasi immédiat.
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L'accès aux modes permet, en photo comme en vidéo, de réaliser des effets créatifs comme le Ralenti, les photos panoramiques (attention elles pèsent plus de 10 Mo), ou encore la Réalité augmentée. Cette dernière vous permet de faire entrer vos photos ou vidéos dans des univers fantasques : émoticônes, marionnettes en papier, etc. ??? |
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Ce même accès répercute aussi les réglages manuels du smartphone qui bénéficient sinon d'un raccourci direct depuis l'écran qui s'avère plus pratique. Il s'agit des réglages manuels qui permettent de s'affranchir de tous les automatismes classiques : Balance des Blancs, Mise au point, Iso, EV, et Shutter speed.
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Le Xperia 5 peut aussi enregistrer des vidéos en slow motion (Ralenti) à une fréquence de 120 ips en résolution 720p seulement. Une fréquence qui autorise des ralentis au montage avec un peu de son, un angle de champ normal et on peut même choisir après coup la plage du Ralenti au moyen d'un joli graphique en forme de courbe. C'est une solution sympathique mais il faudra vous contenter du 720p. |
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Point de satisfaction, le Xperia peut stocker sur carte mémoire micro-SDHC / microSDXC via l'option Stockage des données du menu des réglages. Cela augmente considérablement la mémoire de stockage interne UFS (Universal Flash Storage) déjà confortable de 128 Go (111 Go réellement disponibles pour le stockage). La carte s'insère sur la gauche du mobile, sans difficulté majeure en retirant le logement avec son ongle. Il faut la replacer dans le bon sens. C'est tout. |
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La copie depuis la mémoire interne vers la carte est très rapide et ne recèle aucune difficulté, une fois qu'on a pigé la procédure de sélection des images (photos ou vidéos). Le seul inconvénient mineur de ce système est que si vous extrayez la carte mémoire - comme vous retirez en même temps la carte nanoSIM - le système vous demande de redémarrer le smartphone à chaque extraction du logement. Rappelons qu'on recense des cartes micro-SDXC jusqu'à 400 Go au débit suffisant pour le Xperia 5 même si c'est une mauvaise idée d'investir dans une carte si capacitaire, préférez les cartes 64 Go au prix très concurrentiel ! |
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On peut aussi éditer sommairement les vidéos (Rogner, Modifier la vitesse ou Capturer des vues fixes). Mais les mordus du montage passeront sans doute leur chemin.
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La batterie de 3140 mAh, traditionnellement point faible des appareils photo et des camescopes bénéficie ici d'une autonomie dans la moyenne mais pas exceptionnelle d'un point de vue smartphone d'environ 12 heures en fonctionnement continu. Certes, on aurait pu escompter mieux compte tenu de la diagonale inférieure de l'écran comparée à celle du Xperia 1. Et cette autonomie aura tendance à baisser si on exploite des applications gourmandes en énergie comme la vidéo 4K. Cependant, pour une utilisation principalement (je n'ai pas dit exclusivement) photo et / ou vidéo, c'est une autonomie largement confortable. Si on couple le smartphone à l'un des nombreux gimbal (type Osmo Mobile) du marché, on n'aura pas à se préoccuper de l'énergie de son smartphone, et on pourra se concentrer sur celle du Gimbal. La recharge est très rapide en revanche : 1 heure 45 seulement. Notez qu'il n'y a pas de charge sans fil (tout comme sur le Xperia 1 d'ailleurs). Pour accroître l'autonomie, rappelons que chez Sony, il est possible de passer en mode Stamina, qui se déclenche à partir de 15% d'autonomie restante, et qui réduit dans ce cas les performances de rendu, les animations et la luminosité de l’écran, l’amélioration des images. |
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Notez enfin qu'il existe un guide d'utilisateur en ligne depuis le smartphone qui permet d'effectuer une recherche par mot-clé ou chapitre. Je n'ai pas trouvé de manuel d'utilisateur téléchargeable. |