Test système HF Saramonic Blink500 B2
HF miniaturisé et double émetteur
19 décembre 2019 par Thierry Philippon
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Saramonic Blink500 Saramonic Blink |
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Prix fabricant : 299 Euros |
Pour la production, le journalisme news, le Vlogging (quoique, je ne suis pas convaincu) ou bien d'autres applications, le système du microphone Haute Fréquences (HF) est idéal. Une personne se tient à distance tandis qu'elle parle à la caméra, le son de sa voix étant parfaitement audible, sans le moindre câble de raccordement entre le micro et la caméra. Quel vidéaste n'a pas rêvé d'un système pareil, s’affranchissant de toute contrainte ? Mais le problème de la liaison HF est de plusieurs ordres. L'usage étant historiquement professionnel, les modèles sont souvent chers (au-dessus de 600 euros), conçus pour des équipements XLR, et assez encombrants en ce qui concerne l'émetteur à porter "à la ceinture" (sur soi) et même parfois un peu lourds. D'autre part, les interférences rendent parfois la recherche de fréquences difficile, en ville notamment. Autrefois, elles pouvaient même être contraires à la législation. Le Saramonic Blink 500, marque chinoise, s’inscrit comme une alternative intéressante. Il peut être considéré comme une solution professionnelle malgré sa grande simplicité de fonctionnement puisqu'il dispose d'un très faible nombre de réglages. Le Saramonic Blink 500 B2 inclut un récepteur (Blink500 RX), 2 émetteurs (Blink500 TX, nommés en anglais Transmitter), 2 micros-cravates Lavalier omnidirectionnels à fil (SR-M1) avec chacun sa mousse anti-vent et plusieurs câbles de liaison, permettant de parer tous les types d'appareils ou quasiment. Le récepteur a une sortie 3.5mm qui inclut les contacts classiques TRS (mini-jack généralement stéréo 3 contacts) et TRRS (mini-jack généralement stéréo 4 contacts). |
Le pack Saramonic Blink 500 se destine aux boîtiers Mirrorless, mais aussi aux reflex vidéo, aux camescopes grand-public ou professionnels... et aux smartphones. En effet ces derniers sont souvent limités en matière de prise de son du fait de leur taille et de la difficulté d'y accrocher un micro, ce qui implique souvent des accessoires supplémentaires. Ici cet accessoire de prise de son léger peut être clipsé directement sur le smartphone, et enrichir ainsi la prise de son du mobile. |
Le test du Saramonic Blink 500 B2
Le Blink 500 B2 a une première caractéristique marquante : les récepteurs / émetteur sont petits, compacts (63×43×16.5mm), et très légers : 34 grammes seulement et 63×43×16.5mm pour les émetteurs, 26,5 grammes et 62×33×15.5mm pour le récepteur (!) de telles sorte qu'ils peuvent se greffer facilement sur la poche d'un pantalon, sur un vêtement, voire le revers d'une veste. Cette portabilité n'est pas sans importance car bien souvent, on s'encombre d'un émetteur HF qu'il faut maintenir à tout prix quelque part sur soi ou sur une personne qu'on interviewe. Et ce n'est pas toujours très simple de trouver l'emplacement adéquat. Pour mémoire, un système Sennheiser HF EW100 pèse 160 à 195 grammes. Quand on porte à la ceinture 160 grammes, ça se sent... Ici, ce problème trouve une solution dans l'extrême compacité et légèreté de ce produit. |
La manipulation de l'émetteur et du récepteur a été simplifiée à l'extrême d'autant que le jumelage a déjà été effectué par défaut en usine. Il s'opère rapidement (4 à 5 secondes) en pressant longuement le ou l'émetteur puis en allumant le récepteur. Une diode bleue s'allume et se maintient dans les deux cas si l'appairage est réussi (il l'a toujours été avec moi). Le jumelage continue même si vous éteignez / rallumez l'émetteur / récepteur. L'opération est rapide, tellement rapide d'ailleurs qu'elle a donné son nom au produit. En effet Blink, qui signifie clignotement, est à comprendre dans le sens "en un clin d'oeil" (in the blink of an eye). En cas de défaillance ("unpaired"), la diode clignote toutes le secondes et en cas de simple attente de jumelage, la diode clignote plus vite (toutes les 0,5 sec). |
On peut rétablir si besoin l'appairage du récepteur et de l'émetteur en pressant les touches + et - sur le côté de l' émetteur (ces touches servent aussi au réglage du niveau), et en introduisant une "clé" dans la fente "Pair".
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Notez d'emblée une autre caractéristique très marquante : la présence de deux émetteurs qui n'est pas anodine, elle permet de faire dialoguer deux personnes A et B, par exemple un journaliste et une personne interviewée, ou d'avoir deux "témoins" qui dialoguent l'un après l'autre, voire "en même temps" (imaginons deux enfants), grâce à ce système de réception à double canal. C'est un système assez unique sur le marché à ce niveau de prix. Et sacrement pratique. |
Chaque émetteur capture le son mais in fine, lorsqu'on utilise les deux émetteurs, on obtient forcément un mélange des sources, mixées au niveau du récepteur. Dans la plupart des cas, ça ne présentera pas de souci si les deux interlocuteurs parlent l'un après l'autre de façon lente et posée, lors d'une interview bien préparée (voir notre vidéo), mais pour tout un tas de motifs, on pourrait vouloir retravailler au final les deux voies indépendamment l'une de l'autre, en mono. Ici ce n'est pas possible, elles sont forcément mixées au niveau du récepteur. |
La seule alternative possible pour doser les deux émetteurs est de modifier le niveau d’intensité sonore de la source. L'émetteur offre cette possibilité en utilisant le bouton de volume sur le côté. C'est un volume sur 3 niveaux d'intensité. Complètement bleu, le son est à son maximum, son niveau par défaut, qui convient assez bien. Mais on peut baisser si besoin, jusqu'à faire disparaître complètement le bleu de la diode qui correspond alors à l'absence de son. On notera (déplorera ?) l'absence de réglage de la sensibilité qui permet notamment de "booster" le niveau quand ça s'impose. Pas non plus de réglage Micro/Ligne, sans doute réservé à la gamme pro de Saramonic. |
Autre caractéristique maligne : le Blink500 peut enregistrer du son avec un micro-cravate connecté à la prise Input audio mini-jack, mais il peut aussi enregistrer en interne ! Il intègre en effet un micro interne. Cette alternative est très intéressante si l'on a oublié ou perdu son micro-cravate ou si l'on veut utiliser le Blink500 comme enregistreur de sons autonome pour enregistrer des sons seuls, dans des endroits éventuellement incongrus. Toutefois la qualité est moindre.
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Émetteur(s) et récepteur disposent d'une pince de fixation solidaire. Le récepteur peut ainsi par exemple s'emboîter et pincer l'amorce du sabot de la griffe du boîtier photo-vidéo ou de la caméra car la pince est exactement de la largeur d'une griffe. C'est très pratique. Toutefois attention, la pince ne se glisse pas entièrement le long du sabot de la griffe et le dépassement qui en résulte peut venir gêner l'utilisation du viseur. En revanche, notez qu'il n'existe pas d'antenne de type "périscopique", du coup aucun risque qu'elle se voit dans le champ ! L'antenne en fait, c'est le minuscule petit orifice visible à côté du connecteur USB-C de l'émetteur et sur le dessus du récepteur, à côté du bouton d'allumage ! |
Le récepteur dispose d'une sortie Line out. Dans l'usage le plus courant, elle se destine à être reliée au boîtier photo. Mais en soi, c'est une sortie audio Line qui peut être connecté à un haut-parleur pour un usage "en direct" . |
Les deux micro-cravates omnidirectionnels à condensateur intégré sont fournis avec un cordon suffisamment long (voire un peu trop long) et une mini-bonnette anti-vent, ainsi que deux petits clips pour qu'ils puissent être fixés sur un vêtement. Plusieurs constatations : Par grand vent, la bonnette anti-vent ne peut pas tout faire. Il faudra donc ne pas trop en attendre. Elle fait le job. Sans plus. Les deux petites attaches en plastique pour chacun des deux micros m'ont semblé un peu "cheap", pouvant se casser, et pas très pratiques à installer, il manque un petit ergot pour une accroche plus facile du micro au vêtement. D'après les préconisations usuelles, le micro-cravate doit être placé à 15 à 20 cm de la bouche du narrateur. Le micro-cravate privilégie la voix mais les bruits environnants ne sont pas éliminés pour autant et c'est tant mieux dans un sens pour la restitution d'une ambiance. Mais méfiez-vous. Tous les micro-cravates se ressemblent mais la qualité peut varier énormément d'un modèle à l'autre. Par exemple, un très bon micro-cravate vaut environ 110 euros TTC à lui seul chez Sennheiser. Celui de Saramonic semble excellent. Le micro-cravate peut aussi être utilisé indépendamment du système HF pour des occasions ponctuelles avec un autre système d'enregistrement. |
Outre les 2 micros-cravates, il existe une panoplie de câbles de liaison pour les connecter : 2 câbles TRS pour relier une "caméra" et 2 câbles TRRS pour relier un smartphone. |
Cette miniaturisation n'empêche pas une assez bonne qualité de restitution via la bande de fréquence 2,4 Ghz (seul choix possible) qui n'est pas encombrée par les interférences radio et TV. Et pour cause, car le 2,4 Ghz est une des fréquences (avec le 5 Ghz) utilisées pour les signaux Wi-Fi ! Du coup, vous pouvez utiliser le Saramonic non seulement en France mais dans la plupart des pays. Autre avantage du Wi-Fi en 2,4 Ghz, inutile comme en pro d'attendre que la fréquence qui comporte le moins d’interférences soit trouvée, elle est tout de suite captée ! Il est à noter que le Saramonic saisit la fréquence Wi-Fi libre sans attendre. |
Mes essais ont été effectués dans une zone peu envahie par les interférences Wi-Fi (villages de campagne). Des interférences de type grésillement peuvent toutefois se produire si vous approchez l'émetteur trop près du micro-cravate. Normalement, en portant l'émetteur à la ceinture, ou dans une poche, ça ne peut pas se produire. La distance maximale de réception du Saramonic est de 50 mètres. Certains systèmes HF font mieux (100-120 mètres, etc.) mais a-t-on vraiment besoin de plus de 50 mètres ? Une distance de 50 mètres couvre selon moi la majorité des cas de figure. A 20-25 mètres, un essai sur ma propre voix a donné des résultats tout à fait satisfaisants (voir notre vidéo), la qualité du micro-cravate semble excellente. La voix n'est pas "métallique" comme on peut le noter avec certains micros. J'ai même cru qu'il s'agissait d'un enregistrement provenant directement du boîtier caméra ! Sauf à passer derrière un mur en pierres, la liaison est parfaite du moins quand on ne manipule pas le récepteur. La diode de l'émetteur reste bien allumée en permanence, sans décrochage. Et ce, de face comme de dos, mes essais se sont avérés concluants malgré une distance allant jusqu'à 25 Mètres. Le rapport S/B est supérieur à 78 dB pour les émetteurs. Je n'ai pas observé de phénomène de latence "mesurable à l'oreille". La qualité sans micro-cravate, avec le seul micro interne à l'émetteur, est nécessairement moins bonne, plus nasillarde, les voix ont moins de présence, mais le rendu reste acceptable pour une oreille peu exigeante ou un enregistrement vraiment capital. Il est recommandé de laisser le niveau sonore du boîtier photo-vidéo ou de la caméra à un niveau sonore assez bas pour éviter toute distorsion. Lorsqu'on connecte le récepteur du Saramonic à une caméra ou un boîtier photo-vidéo, normalement ce dernier sait qu'un accessoire audio lui est connecté et dans ce cas il se connecte automatiquement. Mais certains boîtiers photo peuvent déroger à cette règle et nécessiter un réglage manuel de l'entrée source. Ne vous affolez pas si ça ne marche pas de suite ! Pour contrôler le rendu, le récepteur ne dispose d'aucune prise casque 3,5 mm. Ca c'est un vrai manque quand on veut contrôler le son qui sort ou communiquer en Intercom. Le contrôle s'opère donc soit via un casque ou des écouteurs USB-C, soit via le boîtier photo-vidéo ou la caméra directement. Autre manque, le fabricant ne semble pas fournir de câble mini-jack vers XLR, en tout cas pas dans le pack. |
Remarque : je ne trouve pas ce système visuel forcément très réussi ni justement très visuel car selon l'éclairage ambiant et / ou selon l'inclinaison de l'émetteur, on discerne plus ou moins bien si la coloration bleue est complète ou partielle.
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On peut regretter que l'émetteur n'ait pas de prise casque, cette absence ne favorisant pas un "Intercom". Côté alimentation des émetteurs / récepteur, la batterie chargée à fond est donnée pour tenir 6 heures, mais mon conseil est de parier sur 30% de moins pour ne pas être pris au dépourvu. Songez aussi qu'une distance plus importante entre la source (l'émetteur) et le récepteur, fait perdre en autonomie. L'autonomie est donc toujours une moyenne qui dépend de VOTRE utilisation. Elle se recharge ensuite (ou d'ailleurs peut aussi s'alimenter) via le connecteur USB-C DC 5V implémentée sur le côté de chaque émetteur, connecteur auquel on connectera le câble USB-C fourni (il y en a donc 3). Le temps de recharge n'est pas indiqué mais je l'ai mesuré, il est approximativement de .... ? On peut regretter l'absence d'option "piles" car en situation éloignée de toute prise électrique de recharge, ou d'oubli de recharge, l'option piles est parfois salvatrice. L'absence d'option piles est à mettre en perspective d'un autre problème : un système interne de batterie pose la question de la durée de vie du produit ou de la solution possible si la batterie est en fin de vie. Saramonic n'a pas d'info disponible sur ce point. Le Blink 500 B2 est positionné à 299€ TTC, un prix élevé mais justifié en regard du potentiel et de sa qualité. Notez qu'il existe au total 6 Packs Blink 500. Un des autres packs proposés (B1) est moins complet que le pack B2, objet de ce test, car il propose un seul émetteur au lieu de deux et 1 seul micro-cravate au lieu de deux. Mais il pourra peut-être faire l'affaire également, puisque le prix s'en trouve réduit de 100 euros (199 euros). |
Quant aux 4 autres packs de la gamme supérieure, ils proposent des modules RXDi ou RUXC. Le RXDi dispose d'un récepteur disposant d'une sortie MFi certifiée Lightning pour les terminaux Apple iOS et les modules RUXC, en USB-C, sont conçus pour les smartphones et tablettes Android. |