Les fleurs
Le choc des mots, le poids des images
19 mars 2003 par Yann Cielat
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L'histoire du film commence en été 98. A Chicago là où habite ma grand-mère. Après plusieurs jours, la langue française commence à me manquer. Je me lance dans l'écriture d'une nouvelle - "Les Fleurs" - que je transforme assez vite en scénario. Il trouvera vite sa place... dans un fond de tiroir. En 2002, je tourne mon premier film, "Paternel". L'équipe, rodée, se sent pousser des ailes, aussi je ressors le scénario des "Fleurs" qu'on retravaille avec mon cousin en réduisant le texte de moitié, ou presque. Le tournage s'est déroulé fin janvier 2004, le montage en avril. Photo ci-dessus : Perché sur un escabeau instable, le réalisateur, Yann Cielat, dans la chambre du crime. En fait, "sa maison" ! photos : © Yann Cielat |
L'entretien express
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Le
tournage
s'est
déroulé
sur
deux
jours.
Le
samedi,
prises
de
vues
des
plans
dans
la
cuisine
et
l'ascenseur,
chez
Seb,
un
ami.
Journée
délicate
d'un
point
de
vue
technique
:
le
micro
nous
lâche
au
bout
de
quelques
minutes.
Après
quelques
coups
de
fil,
on
en
récupère
un,
mais
on
a
perdu
presque
une
heure.
De
plus,
ce
jour-là,
le
chef
op'
ne
peut
pas
être
là,
occupé
sur
un
autre |
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Il a fallu demander l'autorisation de tourner dans le métro : refusée (le responsable marketing de la compagnie de transport refusant d être le complice d'un... meurtre...?) Le dimanche, on commence à 8 heures du matin, pour tourner les plans extérieurs et celui du métro. Puisqu'on n'a pas eu l'autorisation, on tente le coup en se disant qu'à cette heure l'endroit serait désert. A 9h30, Marie commence à maquiller Franck, juste le profil droit. Elle termine deux heures après et s'attaque à Ingrid, la victime. On peut enfin tourner la séquence de l'escalier et de l'agression, chez moi. Avec la fatigue et l'attente, le tournage est un peu plus tendu que la veille. J'ai aussi la particularité d'avoir sur les tournages une nervosité communicative. Ca se traduira par exemple sur le plan où Franck entre dans l'appartement, qui nécessitera presque trente prises. De plus, on est pressé par le temps, à cause d'un détail négligé : le maquillage de Franck sèche, et commence à se fendre. Le plan le plus difficile fut sans doute celui des fleurs sur lesquelles le sang gicle. On avait fait du faux sang avec de la maïzena, du café et du colorant alimentaire, mais la consistance n'était pas satisfaisante. On a fini par utiliser le sang des coeurs de porc, qu'on a lancé sur les fleurs avec des brosses à dent... Efficace ! |
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Seb a parcouru les boucheries afin de trouver une dizaine de coeurs de porc. J'aurais bien aimé voir la réaction des bouchers qu'il a rencontrés. On retiendra de la 1re journée que les congélateurs qui accueillent les coeurs de porc sanguinolents sont difficiles à nettoyer. Leçon de la deuxième journée : nettoyer un congélateur plein de sang de porc est plus facile que de nettoyer le même sang de porc sur du papier peint blanc... Le
dernier
plan
tourné
est
celui
où
l'on
découvre
le
visage
de
Franck
mais
j
ai
certainement
fait
une
erreur
en
voulant
tourner
les
plans
de
cette
journée
chronologiquement,
le
maquillage
commençait
franchement
à
perdre
de
sa
fraîcheur! |
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La préparation du tournage a été un vrai parcours du combattant. Enfin surtout pour Seb. Il passe une tonne de coups de fil dans les écoles pour trouver une maquilleuse qui accepte de travailler avec nous. Finalement on jette notre dévolu sur Marie qui semble la seule vraiment motivée et de surcroît la plus sympa. Ici,
le
maquillage
à
10
heures
le
matin.
Café
à
la
main,
on
assiste
à
la
transformation
de
Franck,
qui
ne
pourra
plus
boire
aucun
café
avant
le
démaquillage...
!
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Yann
vérifie
ce
que
rend
le
maquillage
de
Franck
à
l'écran
réglé
en
Noir
&
Blanc,
tonalité
finale
du
film. |
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Le matériel a été essentiellement emprunté. On a tourné avec 3 mandarines, des filtres et des réflecteurs pour l'éclairage, le son a été saisi en DAT, et j'ai filmé avec une Sony DCR-VX1000. Le film n'a quasiment rien coûté si ce n'est les K7, l'alimentation et évidemment le bouquet de fleurs. On a enregistré quelques jours après le tournage la voix-off, la chanson... Le montage était long, il a fallu synchroniser le son pris en DAT, la voix-off (le texte a été diminué d'un bon quart au montage), faire les morphings pour le générique de fin... On savait que le cynisme et la noirceur du film nous fermerait les portes de pas mal de festivals, mais toute l'équipe en est fière, et ça vaut toutes les récompenses. |
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